L'Infirmière Magazine n° 256 du 01/01/2010

 

politique

Dossier

Sur les estrades ou à la tribune, les infirmières se font discrètes. Une sous-représentation dommageable pour la profession comme pour la société. Les infirmières élues invitent leurs consoeurs à les rejoindre en politique...

Quelques-unes ont fait campagne. Certaines ont été élues dans leur ville, leur département, leur région. À l'Assemblée nationale, elles sont deux, sur 577 députés. Au Sénat, elles ne comptent qu'un seul représentant. L'une d'elles a été secrétaire d'État en 2001-2002. Une autre est vice-présidente du Parlement européen ; une autre encore, au Canada, est sénatrice. Pourtant nombreuses dans la population, les infirmières ne sont pas légion en politique...

Cette faible représentation a quelque chose à voir avec le métier lui-même. « Longtemps, les infirmières se sont tues », note l'auteur Brigitte Ouvry-Vial, qui décrit « la timidité d'une grande partie [de ces professionnelles] vis-à-vis de toute forme de pouvoir susceptible de s'exercer sur elles » (1). Ce qui s'accompagne sans doute d'une « timidité » à se saisir elles-mêmes du pouvoir... « La profession n'a pas été suffisamment valorisée ou reconnue : à ce titre, les infirmières n'osent peut-être pas assez prendre la parole sur des sujets généraux ou de société », poursuit Claude Greff, députée UMP d'Indre-et-Loire.

D'autres infirmières de formation et de métier estiment qu'un accroissement des initiatives dans l'exercice professionnel faciliterait l'implication en politique. L'écologiste belge Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen, regrette « une formation de base qui se concentre avant tout sur des aspects techniques ». « Il faudrait défendre le rôle infirmier », complète Laurence de Bouard, tête de liste dans l'Ouest du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) aux dernières européennes. Quant aux nouvelles venues à l'hôpital, elles sont peu poussées à prendre la parole. « Pour les contractuelles, pressées comme des citrons, c'est : "T'es contractuelle, grosso modo tu la fermes". Après, c'est : "T'es toute jeune dans le service, donc tu te tais aussi..." », déplore la militante.

« Pays invisible »

La profession infirmière n'est pas la seule à souffrir de sous-représentation dans l'arène politique : elle partage ce déficit avec « d'autres catégories socioprofessionnelles, indépendants et ouvriers, par exemple », remarque Isabelle Durant. Les chercheurs Olivier Costa et Éric Kerrouche parlent même d'un « pays invisible » non représenté à l'Assemblée nationale, constitué par les activités les moins qualifiées. « Les carrières parlementaires sont favorisées par les emplois qui combinent flexibilité dans le temps, périodes de vacances importantes, possibilités d'interruptions, indépendance professionnelle, sécurité financière, réseaux publics, statut social... », énumèrent-ils. Les dispositifs mis en place (cf. encadré, p. 25) ne suffisent donc pas pour ouvrir grand les portes de l'Assemblée.

Et en particulier aux femmes, moins nombreuses que les hommes en politique. Certes, les conseils municipaux ou régionaux tendent vers la parité. Mais l'Assemblée nationale ne compte que 18,5 % de députées. Autre exemple : au conseil général de la Manche, ne siègent, sur cinquante-deux élus, que quatre femmes, dont la socialiste Christine Le Coz. Quinze jours après son élection, cette infirmière était invitée à la télévision pour une émission sur les femmes en politique...

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette moindre présence des femmes en politique : l'éducation différente des filles et des garçons, la traditionnelle division du travail avec les activités extérieures dévolues à l'homme,... ou encore le non-respect, par les partis, de la loi sur la parité. Roselyne Bachelot formule des explications plus difficiles à vérifier : selon l'ancienne pharmacienne et actuelle ministre de la Santé, les femmes auraient « peur d'affronter le corps électoral », au contraire des hommes politiques, qui « touchent les gens » (2). Une chose est sûre : la sous-représentation générale des femmes en politique se manifeste logiquement dans les professions très féminisées... à l'image des infirmières.

Comme un indice du manque de parité en politique, comme un décalque aussi des rapports entre ces deux professions, on rencontre davantage de médecins hommes que d'infirmières femmes dans les couloirs de l'Assemblée nationale... Plus largement, l'inégal accès des hommes et des femmes à la politique, les injustices dans le monde professionnel et l'inéquitable répartition des tâches à la maison ne sont-ils pas liés ? Une activité élective, investissement énorme en temps, en énergie et en kilomètres, est moins accessible pour une mère qui élève des enfants. Les élues qui continuent de travailler jonglent avec les horaires et les rendez-vous, tôt le matin, tard le soir, week-end compris. « Je ne veux pas qu'à un moment on dise [de moi] : "On lui a posé une question et elle n'a pas répondu" », indique Christine Le Coz, qui consacre certains dimanches à l'envoi de courrier. Plusieurs fonctions, comme celle de député, avec plus de 75 heures de travail hebdomadaire, nécessite même un arrêt total de son travail (qui peut aussi être imposé dans les cas où le métier est incompatible avec le mandat). Et même en se consacrant uniquement à la politique, le temps manque. C'est tout du moins l'explication avancée par la secrétaire de Robert Hue qui, sollicitée pour ce dossier, a finalement affirmé que le sénateur n'avait « pas le temps » de témoigner : l'ancien infirmer se concentre sur la création de son nouveau mouvement.

Les besoins de notre société

De fait, des infirmières qui peuvent s'engager en politique ne sont pas (ou plus) complètement des infirmières comme les autres. Quand elle est entrée dans sa première campagne législative, Claude Greff était formatrice pour de futures aides-soignantes et étudiantes infirmières. Avant, elle avait été infirmière en milieu hospitalier puis dans l'Éducation nationale. Ce métier, elle ne l'a pas exercé « très longtemps, mais suffisamment pour connaître les difficultés de la profession et les besoins de notre société ». Fille de médecins, Isabelle Durant a fait « peu de travail en milieu hospitalier (essentiellement durant [ses] études) et une dizaine d'années dans l'enseignement technique et professionnel », pour de futures aides-soignantes et puéricultrices. Christine Le Coz, elle, a « la chance » d'être cadre de santé, avec un planning assez flexible : « Si j'étais infirmière, je ne suis pas sûre que je pourrais assumer la même chose » au niveau politique. Son engagement est possible pour une autre raison : « C'est une décision prise en famille. Mes enfants sont grands et mon mari m'a toujours soutenue. » Dernier exemple, celui d'Isabelle Vasseur, infirmière en 1981-1982 et de 1990 à 1999. À cette date, elle attend une mutation, qui ne se fait pas faute de disponibilité dans le service souhaité. « Comme cela faisait dix ans que je faisais un mois de nuit, un mois de jour en néonat, je me suis dit que j'allais prendre une année sabbatique. » Devenue « complètement disponible », la conseillère municipale multipliera les mandats - dont celui de députée (UMP) de l'Aisne - dans les années qui suivent.

Engagements successifs

L'entrée en politique peut s'inscrire dans la continuité d'engagements passés. Dès la jeunesse (délégué de classe, visite dès 6 ans de la fête de L'Humanité...) et plus tard : adhésion à un parti ou à un syndicat, lutte pour la dépénalisation de l'avortement, théâtre (lecture des Monologues du vagin), mouvement social ou pacifiste, inscription dans une association... Engagements associatif et politique répondent d'une même logique : « donner du temps pour les autres », selon Isabelle Vasseur. « Un sacré boulot », ajoute cette ancienne présidente d'une organisation humanitaire à laquelle adhérait également... un de ses médecins chefs de service, dans une sorte de « lien hiérarchique inversé ».

Avant la politique, des infirmières se sont également investies à l'hôpital, en commissions techniques d'établissement ou de soins infirmiers, à l'Amicale... Et recommandent à leurs consoeurs tentées par la chose publique d'y faire leurs premières armes.

Pour Laurence de Bouard, carrières infirmière et militante sont liées. « Au bout de quinze jours que j'étais à l'école, on était en grève ! », s'amuse-t-elle : le mouvement infirmier de 1988 venait de débuter. Les militants du NPA, elle les a rencontrés lors des manifestations pour défendre l'hôpital de Carhaix (29), où elle est cadre aux urgences, et dont les services de chirurgie et de maternité étaient menacés. Elle a rejoint le nouveau parti d'Olivier Besancenot à sa création. Des événements ont aussi jalonné le parcours de Christine Le Coz, entrée à la CFDT lorsque Jacques Chirac devient président, et au PS quand Jean-Marie Le Pen atteint le second tour de la présidentielle. Tout est question « d'opportunités », ajoute Isabelle Vasseur. Qui, comme d'autres, a suivi un cursus honorum, montant progressivement dans les échelons : conseillère municipale puis maire adjointe, vice-présidente de la communauté de communes puis du syndicat départemental des déchets ménagers, conseillère régionale, députée, maire...

Écoute, relationnel, proximité, humanité, disponibilité, entraide : certains idéaux de la pratique infirmière représentent des atouts en politique. « Saisir la complexité de l'homme [...] m'aide à comprendre des situations politiques compliquées », souligne la socialiste Paulette Guinchard-Kunstler, alors secrétaire d'État et ancienne infirmière en psychiatrie (3). Une infirmière est aussi susceptible de vivre des expériences difficiles, telle la mort d'un patient. Ce qui peut s'avérer utile en politique, un monde parfois cruel, où les acteurs doivent prendre du recul et surmonter leurs blessures (en cas d'échec électoral ou de coups bas venus de son propre camp...). « Mon ancien métier m'a habituée à aller jusqu'au bout », confiait pour sa part l'ancienne infirmière anesthésiste Marie-Jeanne Guillet, alors maire en Loire-Atlantique et lancée dans une bataille contre Total après la marée noire de l'Erika (4). De même, le rythme de travail infirmier peut être une bonne préparation pour affronter le planning d'une élue... « Pendant dix ans, j'ai dormi cinq heures par nuit : j'ai la capacité de récupérer assez vite. Travailler douze ou seize heures par jour ne me fait pas peur, même plusieurs jours d'affilée », avance Isabelle Vasseur, dont la circonscription comprend... 236 communes.

L'ordre à l'Assemblée

Généralement, qu'une élue se présente comme infirmière auprès de ses interlocuteurs ou dans le débat public, ou qu'elle insiste sur les qualités de sa profession, n'est pas anodin. « En endossant telle ou telle identité professionnelle, le député fait directement appel aux catégories sociales susceptibles de se reconnaître dans cet affichage [...], tout autant qu'il révèle quelque chose sur lui », observent Olivier Costa et éric Kerrouche. Souligner son appartenance professionnelle peut aussi être un moyen de se distinguer des « professionnels de la politique » accusés d'être coupés du terrain...

Son passé d'infirmière ne profite pas qu'à la représentante du peuple : un plus grand nombre de praticiennes dans les hémicycles s'avérerait bénéfique pour toute la profession, avec laquelle même les élues « à temps plein » gardent contact. Une présence à l'Assemblée permet, entre autres, de se tenir informé des réflexions touchant aux pratiques paramédicales. Et d'avoir une influence accrue dans le débat public. À l'instar, en particulier, des médecins. Bien plus représentés, ceux-ci semblent mieux entendus. Au point d'être parfois critiqués pour avoir fait (ou défait) certains textes à leur avantage. Même si un élu n'est pas censé privilégier sa profession mais défendre l'intérêt général...

« La loi HPST [Hôpital, patients, santé, territoires] n'a pas suffisamment valorisé le monde des infirmiers », soupire Claude Greff, qui aurait bien voulu que l'ordre infirmier, pas encore installé, fasse entendre, à ses côtés, la voix de la profession... La députée a justement participé, en 2006, à la création de cet ordre, « indispensable pour l'avenir de notre profession en France et en Europe ». Un coup d'oeil dans les archives de l'Assemblée montre que l'élue y était pourtant opposée trois petites années plus tôt. Un revirement ? Elle s'en défend. « Il ne faut pas brûler les étapes. C'est le principe même d'une infirmière : vous ne pouvez pas demander à quelqu'un de marcher alors qu'il vient d'être opéré il y a cinq jours. [En 2003], ce n'était pas encore le temps de l'ordre. Mais je voyais le danger arriver. Avec, au niveau national, une restructuration de notre système de santé. Si on n'y prenait pas garde, d'une infirmière on allait passer à une nurse anglaise : il fallait répertorier les compétences et les champs d'action » de chaque praticien de la santé.

Porter la parole du patient

Au-delà de leur implication dans les textes concernant leur profession, les infirmières élues sont susceptibles d'apporter une expertise ou un regard sur l'ensemble du domaine sanitaire et des problématiques médicales. Christine Le Coz, qui continue sa pratique en plus de ses mandats, fréquente les patients au quotidien. Grâce à son poste de surveillante d'hospitalisation à domicile à Saint-Lô, elle se félicite de rester connectée au tissu social et d'en faire « remonter » les difficultés au conseil général. Une institution qui, justement, exerce des compétences sociales.

À la fois élue et infirmière : sollicitée à ce double titre... Bien plus encore, l'infirmière est « là pour porter la parole du patient, y compris vis-à-vis du médecin, analyse Laurence de Bouard. Être dans le soin, c'est déjà un engagement politique. » Plusieurs infirmières font le lien entre le corps des patients et le corps social. Entrer en politique consisterait donc à prendre soin de l'humanité d'une autre façon. Pour beaucoup, c'est aussi un moyen de « changer » ou de « faire avancer les choses », de voir si ses idées « marchent sur le terrain ». Un motif invoqué par plusieurs infirmières pour justifier leur souhait d'entrer en politique... comme de devenir cadres de santé. Bref, d'exercer une fonction qui, selon elles, peut avoir une influence sur le réel.

Adrénaline

Bien sûr, les infirmières en politique ne planchent pas que sur la santé : les sujets sont très divers, des pistes cyclables au logement en passant par le prix du gaz. L'aspect juridique ou technique des textes peut rebuter. « Je me suis dit : "Je ne vais jamais y arriver." Ça a duré deux secondes, raconte Isabelle Vasseur. Et je me suis dit qu'il fallait travailler, donc cibler [d'abord] des domaines desquels on se sent plus proches. » La rapporteuse du volet médico-social du projet de loi de financement de la Sécurité sociale a-t-elle un conseil pour les infirmières intéressées par la politique ? Oui : « Ne pas se demander si nos compétences nous permettent de le faire. La première question, c'est de voir si on en a envie ou pas. »

Avec cette envie, cette « passion » (mot récurrent chez les élues), avec « l'adrénaline » des campagnes électorales et des meetings, voire « le plaisir », tout devient possible... Et les compétences s'acquièrent progressivement. La loi ouvre aussi des possibilités de formation aux élus locaux (dix-huit heures par mandat). L'activité d'élue, qui ne dispose pas de réel statut, « devrait être considérée comme un vrai job, avec les moyens de nous former et le temps de nous informer », glisse Isabelle Vasseur.

Parmi les autres moyens d'acquérir des connaissances, l'appui de son staff de campagne, de son parti ou de ses collaborateurs, la rencontre des interlocuteurs adéquats, les déplacements sur le terrain et les permanences auprès de la population, le recours aux services administratifs... Mais aussi son propre regard sur le monde. « On s'aperçoit que la problématique est la même quel que soit le sujet : la volonté, c'est toujours de rentabiliser au maximum et de favoriser les gros groupes ou les grandes structures », dénonce Laurence de Bouard.

Militer encore plus

L'engagement politique et les rencontres qui en découlent confèrent donc des connaissances supplémentaires. Ce qui peut être utile, par exemple pour savoir « à quelle porte frapper » en cas de problème rencontré par un patient. Les infirmières apprennent aussi à gérer les relations aux médias et, selon les situations et les interlocuteurs, à « changer de casquette » (politique, syndicale, professionnelle...) et de discours.

« C'est mon métier qui m'a amenée à la politique, conclut Claude Greff. J'en avais marre qu'on considère mal les infirmières : tout le monde les aime, mais elles ne sont pas toujours reconnues à la juste mesure de leurs compétences. » Le constat de ce paradoxe est largement partagé. « On ne fait peut-être pas ce qu'il faut pour être reconnues », souffle une infirmière ; une autre appelle à faire preuve de « culot » en se lançant en politique. Un engagement qui augmenterait la visibilité et l'autonomie des infirmières. Marie-Claude Daydé juge « intéressant [...] de se poser la question du nombre d'infirmières présentes au Sénat ou à l'Assemblée nationale ! Un projet pour demain... » (5).

L'avenir justement, comment les infirmières déjà entrées en politique le voient-elles ? Aucune ne dit avoir planifié une « carrière » politique - ce qui, de toute façon, serait délicat en raison de l'incertitude de l'élection... Mais toutes, à droite comme à gauche, entendent poursuivre leur chemin. « Avec ce qui se passe sur le plan de la santé, cette privatisation qui arrive à grands pas, et [le décalage] entre les grands discours sur le maintien à domicile et les difficultés sur le terrain, énumère Christine Le Coz, cela donne envie de militer encore plus. »

1- Les infirmières ni bonnes ni connes, Paris, éd. Syros, 1 993, 22 Euro(s).

2- Deux femmes au royaume des hommes, Paris, éd. Hachette Littérature, 1999, 19 Euro(s).

3- L'Infirmière magazine, décembre 2004.

4- Ouest-France, 7 décembre 2000.

5- Regard sur la profession d'infirmière libérale, Paris, éd. Lamarre, 2003, 25 Euro(s).

À retenir

- Peu d'infirmières s'engagent en politique. Cette sous-représentation s'explique notamment par les faibles incitations à prendre la parole et le manque de temps laissé par leur métier ou les contraintes domestiques.

- La pratique leur procure pourtant des qualités utiles à un élu, comme l'écoute.

- Un nombre plus élevé d'infirmières élues profiterait aux praticiennes et, en termes d'expertise sanitaire, à la société tout entière.

reprise d'activité

APRÈS LA VIE D'ÉLUE...

« On est toujours infirmière dans l'âme, même si on ne pratique pas », estime Claude Greff. Députée, elle a prodigué des gestes de premiers secours à un jeune renversé par une voiture et à un homme victime de malaise pendant un discours. Mais quelles démarches suivre en cas de réelle reprise d'activité professionnelle ? « Il faudrait que je fasse des stages de remise à niveau, comme je l'avais fait après avoir arrêté pour élever mes enfants. C'est une obligation quand vous n'exercez plus pendant des années ! »

Pour certains élus qui retournent au salariat, c'est en tout cas un droit. Un retour à l'exercice infirmier ? « Peu probable, mais pas impossible, imagine l'eurodéputée Isabelle Durant. Cela demanderait un solide recyclage. » La députée Isabelle Vasseur ne ferme pas la porte à une éventuelle reprise, dans l'humanitaire en particulier. « La maturité et l'expérience » permettraient, selon elle, de reprendre sans appréhension une activité. L'ancienne élue de Haute-Saône Maryvonne Briot a, elle, vraiment retrouvé le chemin de l'hôpital, après sa défaite aux législatives, en 2007. Contactée sur son lieu de travail, elle dit ne plus faire de politique. Et ne pas souhaiter s'exprimer.

En savoir plus

- Livres

> Qui sont les députés français ? Enquête sur des élites inconnues, O. Costa et é. Kerrouche, Paris, éd. Presses de Sciences Po, 2007, 12 Euro(s).

> Femmes en politique, C. Achin et S. Lévêque, Paris, éd. La Découverte, 2006, 9,50 Euro(s).

- Sur internet

> Statut de l'élu local : rubrique « Dossier » sur http://www.amf.asso.fr.

> Chercher « détachement », « disponibilité » et « autorisations d'absences » sur http://www.fonction-publique.gouv.fr.

dispositifs

QUITTER SON TRAVAIL

Pour faire campagne, Christine Le Coz a pris des jours de RTT et Claude Greff mis son métier « entre parenthèses ». Laurence de Bouard, elle, a recouru à la possibilité laissée aux fonctionnaires hospitaliers (circulaire 98-152 du 6 mars 1998) et aux salariés (article L 3142-56 du code du travail) de s'absenter pendant dix ou vingt jours selon les campagnes, par imputation sur les droits à congés annuels ou par report des heures de travail. Une fois élus, les personnels engagés en politique disposent d'autorisations d'absence pour assister aux séances du conseil municipal, général ou régional. Des crédits d'heures (non-rémunérées), dont la durée varie selon l'importance de l'assemblée et du poste occupé, peuvent aussi être accordés. Christine Le Coz prend ainsi 35 heures chaque mois pour travailler pour le conseil général. Comme infirmière, « je suis à 75 à 80 %... sur le papier ! » précise-t-elle.

Pour se consacrer entièrement à certaines fonctions politiques, les salariés peuvent demander une simple suspension de leur contrat de travail, et les fonctionnaires une disponibilité ou un détachement. Autre dispositif facilitant les mandats : les indemnités de fonction (7 064 euros bruts par mois pour un député).

en campagne

ATTAQUES ÉLECTORALES

Après la catastrophe de l'Erika en 1999, Daniel Cohn-Bendit reproche à la ministre de l'Environnement, Dominique Voynet, d'avoir politiquement mal géré la marée noire. Il accuse l'ancien médecin anesthésiste (qui a aussi travaillé comme infirmière de nuit pendant ses études) d'avoir eu « une réaction d'infirmière dans une situation de catastrophe ». Le fax des Verts « croulait sous les lettres d'infirmières en colère », raconte alors Libération. L'ancien leader de mai 1968 admettra avoir « dérapé »...

À au moins une autre occasion politique, il sera fait référence de façon plutôt négative au métier d'infirmière. « J'offre à Hue de retourner au bercail, donc à son métier d'origine : infirmier à l'hôpital d'Argenteuil », lance, au cours d'une campagne électorale dans le Val-d'Oise, un adversaire de Robert Hue, ancien infirmier de psychiatrie. Une pique rapportée par Le Parisien en janvier 2003 et qui ne sera pas suivie d'effet : le communiste poursuivra sa carrière politique plutôt que de retourner au « bercail ».

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