L'Infirmière Magazine n° 257 du 01/02/2010

 

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Le passage en catégorie A pourrait prendre effet dès décembre pour les infirmières qui le souhaitent. La question des retraites reste épineuse.

« Qui peut croire que l'on peut mettre 500 millions de plus pour revaloriser votre métier - on en a besoin, on manque d'infirmières - sans demander des contreparties ? » Lors de ses voeux aux professionnels de santé, le 12 janvier, Nicolas Sarkozy a fait sienne la ligne tenue par Roselyne Bachelot lors des négociations sur le statut des paramédicaux de la fonction publique. Autrement dit : pas de passage en catégorie A sans renoncement à la retraite à 55 ans.

Le protocole d'accord définitif (1) proposé aux syndicats en janvier inclut une avancée du calendrier par rapport au projet initial. II faudrait choisir entre les deux catégories A et B dans les six mois précédant décembre 2010, et ce choix serait ensuite irrévocable.

« Extrapolations »

Celles qui choisiraient de passer en catégorie A le pourraient dès décembre 2010 (au lieu d'octobre 2011), avec deux glissements de la grille d'indice en juillet 2012 et juillet 2015. Le protocole prévoit, entre le début et la fin de la réforme (d'ici 2015) des « gains de rémunération nette » (primes comprises) de 2 118 euros par an en début de carrière, et 3 801 euros en fin de carrière (2). Des chiffres toujours contestés par les syndicats. « On ne comprend pas très bien comment ils ont fait leurs extrapolations », s'agace Philippe Crépel, secrétaire fédéral de la CGT santé et action sociale, qui conteste, parmi de nombreux points, l'inclusion des primes dans le calcul. Il estime qu'hormis les actuels étudiants et infirmières en fin de carrière, « la plupart ne verront pas de vraie différence sur leur fiche de paye ».

Quant aux infirmières qui choisiraient de rester en catégorie B, elles bénéficieraient d'une revalorisation moindre, au sein d'une nouvelle grille qu'elles intégreraient à l'été 2011.

Les syndicats interrogeront leurs adhérents au cours des semaines à venir. Mais aucune des organisations consultées ne semble prête à accepter de lier la question des retraites au passage en catégorie A. D'autant qu'une discussion générale sur les retraites doit s'ouvrir d'ici l'été.

Quoi qu'il en soit, « même sans aucune signature, le ministère peut appliquer le protocole, précise Philippe Crépel. Mais sur la question des retraites, le texte devra passer devant le parlement. »

1- Protocole et dernières actualités sur notre site http://www.espaceinfirmier.com. Lire aussi nos précédentes éditions.

2- Pour les Ibode et puéricultrices, les gains nets annoncés (également d'ici 2015) sont de 3 366 euros en début de carrière et de 3 312 en fin de carrière. Pour les Iade, de 2 879 et 2 064. Et pour les cadres (de santé et supérieurs), de 3 421 et 4 996.

Et dans le privé ?

« Le marché de l'emploi est déjà hyperconcurrentiel pour les infirmières. Toute augmentation substantielle des salaires dans le public nous obligera à négocier une hausse similaire dans le privé », s'inquiétait Philippe Burnel, le délégué général de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), dans Les Échos du 11 janvier. « Nous sommes d'accord sur le fait qu'on va devoir négocier », commente Philippe Crépel, de la CGT santé et action sociale, qui estime qu'au-delà des salaires se pose « la question de la reconnaissance d'un niveau cadre dans les conventions collectives. Nous souhaiterions aussi que les infirmières du privé entrent à l'Agirc », la caisse de retraite des salariés cadres et assimilés.