L'Infirmière Magazine n° 257 du 01/02/2010

 

traumatologie

Fiches

DÉFINITIONS

- Traumatisme : l'ensemble des lésions locales intéressant les tissus et les organes provoquées par un agent extérieur.

- Os : tissu rigide, constituant le squelette de l'homme. Il existe plusieurs types d'os : les os plats (comme l'omoplate), les os courts (tel l'os du carpe) et les os longs (à l'image du fémur ou de l'humérus). Les os longs sont constitués de trois parties : la diaphyse (partie centrale), les épiphyses (situées aux deux extrémités de la diaphyse) et les métaphyses (situées entre la diaphyse et l'épiphyse).

- Articulation : le lieu de réunion de deux ou plusieurs os. Elle permet la mobilité entre les os ou un emboîtement en position fixe. Il existe plusieurs types d'articulations : les synarthroses (qui n'ont aucune mobilité), les amphiarthroses (qui ont une mobilité restreinte), les diarthroses (qui ont une grande mobilité et qui contiennent du liquide synovial). Les deux extrémités d'une articulation sont maintenues l'une contre l'autre par des ligaments.

TYPE DE TRAUMATISMES DES OS ET DES ARTICULATIONS

Il existe trois types de traumatismes des os et des articulations : la fracture, l'entorse et la luxation.

- La fracture : c'est la rupture d'un os ou d'un cartilage dur. Il existe deux principaux types de fracture :

- la fracture simple : l'os est cassé sans lésion associée visible ;

- la fracture complexe : l'os est cassé avec des lésions des structures adjacentes (cela peut être des lésions vasculaires, nerveuses, musculaires, du système nerveux...). On classe également dans les fractures complexes - qui sont des urgences chirurgicales - la fracture ouverte (définie par la présence d'une plaie cutanée en regard du foyer de fracture).

- L'entorse : c'est la lésion des ligaments d'une articulation sans déplacement des surfaces articulaires. Il existe deux types d'entorses :

- l'entorse bénigne, qui est une distension des ligaments ;

- l'entorse grave, qui est une rupture des ligaments.

- La luxation : c'est le déplacement des deux extrémités osseuses d'une articulation entraînant une perte du contact normal des deux surfaces articulaires, associé à une rupture des ligaments. La luxation peut s'accompagner d'une fracture et/ou d'une atteinte vasculaire et nerveuse.

PRISE EN CHARGE INFIRMIÈRE

Signes cliniques

Les différents signes cliniques à rechercher sont :

- la douleur ;

- l'impotence fonctionnelle ;

- la déformation, l'oedème.

Il existe également des signes de gravité à repérer :

- l'existence d'une plaie associée au foyer de fracture (fracture ouverte) ;

- une compression nerveuse ;

- une rupture ou une compression vasculaire.

Interrogatoire

- Rechercher le mécanisme de survenue ;

- demander les antécédents médicaux et chirurgicaux ;

- demander si victime suit un traitement médical ;

- se renseigner sur l'horaire du dernier repas ;

- si présence d'une plaie, demander la date de la dernière vaccination antitétanique.

Conduite à tenir

- La protection. Il faut tout d'abord éliminer le risque de suraccident en supprimant immédiatement et de façon permanente les éventuels dangers pour le sauveteur, la victime et les autres personnes.

- L'alerte. Alerter les secours en composant le 18 (numéro des sapeurs-pompiers) ou le 15 (Samu).

- Secourir. Il faut :

- interdire à la victime toute mobilisation du membre atteint ;

- immobiliser la fracture en position antalgique en prenant les articulations sus et sous-jacentes dans le cas d'un traumatisme des os ;

- immobiliser l'articulation atteinte en position antalgique à l'aide d'une attelle ou d'une écharpe dans le cas d'un traumatisme des articulations ;

- vérifier l'absence de lésions associées : lésion vasculo- nerveuse (rechercher la présence d'un pouls périphérique, d'une bonne coloration et d'une bonne chaleur du membre, le maintien de la motricité et de la sensibilité), et vérifier la présence ou non d'une plaie en regard de la fracture ;

- prendre en charge la douleur par la mise en place d'un traitement antalgique sur prescription médicale ou sur protocole pré-établi pour les infirmier sapeurs-pompiers (protocole morphine par exemple) ;

- surveiller les paramètres vitaux : le pouls (sa fréquence, son amplitude et son rythme), la tension artérielle si l'on possède le matériel nécessaire, la fréquence respiratoire ;

- couvrir la victime, lui parler, la rassurer et rester auprès d'elle en attendant les secours.

Pour une fracture ouverte, adopter la même conduite que pour un fracture simple, en ajoutant une antisepsie de la plaie, l'arrêt du saignement en cas d'hémorragie, la mise en place d'un pansement stérile pour protéger la plaie et débuter éventuellement une antibiothérapie précoce sur prescription médicale.

à noter : toute fracture va entraîner une perte sanguine qu'il ne faut pas négliger car elle peut entraîner un état de choc hypovolémique. Par exemple, on estime qu'une fracture du fémur va entraîner une perte sanguine pouvant aller jusqu'à 2 000 ml, soit deux litres.

Cas particuliers

- Traumatisme du rachis. Devant un traumatisme de la colonne vertébrale (causé par exemple par une chute ou par un accident de la circulation), la victime se plaint du dos, de la nuque ou de la tête. Le risque majeur de ce type de traumatisme est une lésion de la moelle épinière pouvant entraîner une paralysie définitive. Plus l'atteinte vertébrale est située haut sur la colonne vertébrale, plus ce risque de paralysie est grave. Le principe à respecter est donc le maintien de l'axe tête-cou-tronc. Pour ce faire :

- il ne faut jamais déplacer la victime (sauf en cas de danger imminent) ;

- il faut demander à la victime de ne pas bouger ;

- après avoir alerté les secours d'urgence et jusqu'à leur arrivée, maintenir en permanence, avec les deux mains, la tête dans la position dans laquelle elle se trouve ;

- parler à la victime pour évaluer son état de conscience.

A l'arrivée des pompiers et jusqu'à la pose d'un collier cervical, continuer le maintien de la tête, puis placer la victime en décubitus dorsal sur un plan dur en respectant toujours l'axe tête-cou-tronc.

- Traumatisme crânien. Lors d'un traumatisme crânien, le risque principal est une atteinte du cerveau. Il faut donc rechercher des signes tels que :

- la perte de connaissance initiale ou secondaire ;

- une asymétrie des pupilles ;

- des troubles de la motricité ou de la sensibilité des membres ;

- des céphalées ;

- des vomissements ;

- des troubles du comportement.

La conduite à tenir est la même que pour un traumatisme du rachis en surveillant attentivement l'état de conscience de la victime et en chiffrant régulièrement le score de Glasgow.

- Traumatisme du thorax. Lors d'un traumatisme thoracique, il existe un risque de lésions osseuses ou viscérales au niveau du thorax tel que :

- des fractures de côtes ;

- un pneumothorax : un épanchement d'air dans la cavité pleurale ;

- un hémothorax : un épanchement de sang dans la cavité pleurale ;

- un volet costal : une double ligne de fractures costales ;

- une contusion pulmonaire.

Ces atteintes pulmonaires peuvent provoquer une détresse respiratoire. La conduite spécifique à tenir dans l'attente des secours consiste à :

- mettre la victime en position demi-assise ;

- surveiller les paramètres vitaux et plus particulièrement la fonction respiratoire en recherchant d'éventuels signes de détresse ventilatoire comme une dyspnée, une polypnée, une cyanose, des sueurs, une respiration paradoxale.

A l'arrivée des pompiers, mettre en place une oxygénothérapie pour rétablir une saturation en oxygène correcte.

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