Grippe A (H1N1)
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La campagne de vaccination n'a pas laissé la même impression dans tous les Instituts de formation en soins infirmiers.
Alors que les centres de vaccination ouverts en ville sont fermés depuis le 1er février, étudiants et formateurs ont repris une activité nor- male... sauf que, dans beaucoup d'Ifsi, il faut combler le retard. « Toutes nos évaluations de décembre ont été repoussées à avril, déplorent Cyril et Wilfried, étudiants en 3e année à Toulouse et délégués de promotion. Certains étudiants ont dû quitter leur stage pour aller vacciner. On nous a enlevé un module complémentaire et la formation aux gestes d'urgence, obligatoire, est en stand-by. »
De tels témoignages abondent en Île-de-France. « Dans notre équipe, la campagne a "embolisé" quatre personnes, témoigne une cadre formatrice de Seine-Saint-Denis, qui a elle-même assuré le lien entre les étudiants et la Ddass. Les étudiants, eux, trouvent, dans l'ensemble, que les réquisitions ne se sont pas mal passées, car nous avons fait attention à ne pas les solliciter juste avant une mise en situation professionnelle ou un examen. » Et ce travail a pris du temps. D'autant que, parfois, « on apprenait la veille pour le lendemain que les créneaux avaient changé », pointe une cadre d'un Ifsi des Hauts-de-Seine où tous les formateurs ont été réquisitionnés.
Pour autant, dans d'autres établissements, la situation a été bien plus simple à gérer. Au sein des deux Ifsi du CHU de Nancy, « une trentaine d'étudiants se sont portés volontaires et cela a suffi, assure Véronique Pierson, directrice. La Ddass demandait aux étudiants d'ins- crire leurs disponibilités par Internet et tenait compte, à ma connaissance, de leurs préférences. Par exemple, ne pas vacciner le samedi pour ceux qui avaient un petit boulot. »
Suivant les régions et les Ifsi, « les conditions de réquisition n'ont pas été les mêmes », déplore Thomas Chrétien, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). En Champagne-Ardenne, où lui-même étudie, « il est arrivé que des étudiants soient réquisitionnés dans des centres déserts. Mais cela a été bien plus rare qu'en Île-de- France. » Et si, selon lui, la démographie a joué, « l'organisation est aussi en question ».
« Les circulaires étaient claires, mais l'application variable sur le terrain, confirme Grégoire Cristofini, président de l'Association des étudiants en soins infirmiers d'Île-de-France. Certains chefs de centre disaient aux étudiants qu'ils n'auraient pas leur DE s'ils refusaient de vacciner, alors même qu'il manquait du matériel ou qu'il n'y avait pas d'encadrement. » Deux points pourtant précisés par les textes.
Au final, la campagne est loin de ne susciter que des commentaires négatifs. « Les élèves ont pu voir le fonctionnement d'un dispositif d'envergure nationale, et ont été en contact direct avec la population », note une formatrice bretonne. « Je me suis vraiment sentie infirmière, et il y avait une bonne ambiance au centre », dit Agnès, étudiante à Marseille. L'épisode, en tout cas, laissera des traces, au point que certains surnomment déjà leur année « la promotion H1N1 ».