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Les thérapies moléculaires ciblées, utilisées contre les cancers, sont à l'origine de nombreux effets indésirables.
« Lorsque les thérapies moléculaires ciblées (TMC) anticancéreuses ont été développées, nous étions tellement contents que les malades vivent plus longtemps que nous nous sommes peu préoccupés des effets secondaires qu'elles pouvaient générer et du retentissement que ces effets pouvaient avoir sur leur vie quotidienne. Et, de fait, nous avons sous-estimé l'inacceptabilité de ces atteintes pour les patients », déplorait le Pr Jean-Charles Soria, chef du service des innovations thérapeutiques précoces (Sitep) à l'Institut Gustave-Roussy (Villejuif), lors des 13es Rencontres infirmières en oncologies, qui se sont tenues le 13 mars dernier à Paris.
Outre les effets indésirables de types cardiaques, néphrologiques et gastro-intestinaux, les atteintes dermatologiques, parfois très sévères, sont fréquemment observées chez les patients dans les premières semaines d'un traitement par TMC. Au centre de cancérologie Jules-Bordet de Bruxelles (Belgique), l'équipe infirmière est particulièrement vigilante pour prévenir ces atteintes et les prendre en charge.
« L'implication des infirmières est très importante dans la prévention et la gestion de ces effets secondaires. Elles ont aussi un rôle majeur en termes d'information et d'éducation thérapeutiques des malades, car ceux-ci peuvent avoir des doutes sur l'intérêt de poursuivre leur traitement. En tant qu'infirmiers, nous devons les aider à inverser cette tendance et les accompagner au long du traitement afin de les rassurer et de leur dire que nous sommes en mesure de limiter et de traiter ces effets », explique Michel Dubuisson, infirmier-chef pour la recherche clinique et coordinateur d'essais cliniques du centre.
Syndrome main-pied (SMP), rash (acnéiforme), desquamation ou sécheresse, folliculite, dermatite séborrhéique, éruption papulo-pustulaire, hémorragie sous-unguéale, inflammation péri-unguéale, alopécie, prurit, xérose, mucosit sont les principales manifestations toxiques cutanées dont souffrent les patients recevant des molécules de type tyrosines kinases et inhibiteurs et anti-EGRF.En plus d'informer les personnes traitées de la règle des « trois C » (cousin + crème + callosité), les infirmières doivent pouvoir identifier rapidement les effets secondaires dermatologiques et savoir mesurer leur sévérité afin d'adapter la prise en charge.
Un SMP de grade 1, par exemple, ne modifie pas la vie du patient, même si ce dernier fait état d'un inconfort. Au grade 3, en plus des douleurs, il ne peut plus mener une vie normale et doit cesser son activité professionnelle. À ce stade, une hospitalisation doit même être envisagée car les traitements sont lourds. « En plus de soulager les patients, l'objectif du travail infirmier de prévention et de gestion de ces effets est de faire en sorte que l'impact des thérapies moléculaires ciblées sur les cellules cancéreuses soit maximisé et d'éviter qu'il faille interrompre ou arrêter le traitement, conclut Michel Dubuisson. »
- Sur les TMC, lire aussi nos actualités d'avril 2009, n° 248, p. 12.