Une poupée de soins - L'Infirmière Magazine n° 259 du 01/04/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 259 du 01/04/2010

 

Réanimation

Actualités

Profession

Les simulateurs médicaux entrent au bloc. Au CHU d'Angers, SimMan est un patient fictif au comportement très réaliste.

Dans la salle de déchoquage, au service des urgences, un pompier du Samu transmet les informations concernant le patient qui vient d'être amené. L'homme, d'une soixantaine d'années, est tombé d'une échelle : traumatisme crânien. Inconscient, il est pris en charge par un médecin et une infirmière. Le blessé respire. « Vous m'entendez ? », questionne l'infirmière. Il répond par des gémissements. Soudain, son état s'aggrave, son pouls ralentit. Il respire péniblement. Il faut l'intuber. Avec sang-froid, l'infirmière répond aux demandes de l'interne. Cette dernière procède à l'intubation et l'infirmière prépare les drogues. Le tandem fait face à la situation, l'état du patient s'améliore. Une voix s'élève : « Fin de l'exercice, on va s'arrêter là ! », annonce Jérôme Berton.

dirigé à distance

Ce médecin-anesthésiste est responsable du Centre de simulation en anesthésie- réanimation d'Angers, le CeSAR, un des premiers du genre en France (1). Derrière une vitre sans tain, le Dr Berton a assisté à toute la procédure, en compagnie d'autres médecins. Quant au blessé, ce n'était qu'un mannequin de silicone : SimMan (c'est son nom) est dirigé à distance par un anesthésiste, qui lui donne vie. Les soignants, l'infirmière et l'interne, le font « réagir » selon leur prise en charge. Le scénario de l'intervention a été dévoilé juste avant l'entrée dans cette réplique d'une salle d'urgences.

L'infirmière et l'interne, accompagnés des autres formateurs, se retrouvent autour d'une table. La simulation, qui n'a duré qu'une vingtaine de minutes, a été entièrement filmée par deux caméras. Les « acteurs » étaient équipés d'un micro HF. Debriefing, autocritique... « Cette formation de deux heures permet d'appréhender des situations extrêmes auxquelles le personnel médical pourrait être un jour confronté, précise Jérôme Berton, mais nous ne sommes là ni pour juger ni pour noter. » Le personnel ne doit jamais être mis en situation d'échec.

gérer son stress

Arnaud Iade, a suivi pour la première fois cette formation basée sur le volontariat. Dans le scénario proposé, il a dû faire face à un patient victime d'un arrêt cardiaque au cours d'une opération chirurgicale. « Nous savons que nous sommes dans une simulation, qu'aucune erreur ne sera mortelle, mais dans notre esprit, nous sommes complètement dedans. Nous réagissons dans l'urgence et cela nous apprend à gérer notre propre stress. » Pour le personnel soignant, c'est aussi une façon de souder une équipe. De comprendre le fonctionnement de chacun et de trouver sa place quand une situation s'avère compliquée.

Ces séances s'adressent aux internes, mais le Dr Berton essaie d'impliquer le personnel infirmier, et notamment celles et ceux qui travaillent dans des services techniques. Ils pourront ainsi se confronter à des situations aiguës (noyade, arrêt cardiaque, allergies aux drogues anesthésiantes...) et perfectionner leur maniement d'un défibrillateur, d'un respirateur... sur SimMan ou SimBaby, la version enfant du simulateur.

1- Le CeSAR a ouvert en 2008. Trois autres centres existent, dans les CHU de Nice, Lille et Clermont-Ferrand.