TCA
Conduites à tenir
Les repas et les collations sont des moments d'angoisse forte pour les patientes. Les infirmières jouent un rôle essentiel dans leur bon déroulement.
Les patientes sont angoissées à l'arrivée des heures de repas. Les réclamations autour du plateau, multiples, sont, par exemple, une mise en doute de la justesse des grammages effectués par l'aide- soignante, un plat trop chaud ou trop froid, une odeur suspecte du poisson, une demande de changement du parfum du yaourt ou des sollicitations multiples pour obtenir moutarde ou sel supplémentaire...
Durant ces moments, l'infirmier s'organise pour ne pas être « dépassé », rester suffisamment cadrant, rassurant et ferme. Il contribuera, ainsi, à éviter toute flambée excessive de l'angoisse.
D'une durée de 40 minutes, les repas visent à : réapprendre un comportement adapté à table ; permettre une réalimentation adaptée ; réinstaurer un lien aux autres durant les repas ; faire renaître la convivialité au sein du groupe.
Le repas thérapeutique est basé sur le concept théorique du « modeling » proposé dans la thérapie comportementale. Cette technique est fondée sur le principe suivant : les patientes doivent s'inspirer du comportement adapté du soignant, qui est le modèle, afin de corriger leur propre comportement.
Il est donc primordial que le soignant soit un « vrai modèle ». Il doit avoir pris conscience de « ses propres habitudes et comportements alimentaires » afin de les corriger pour les temps de repas thérapeutique : la variété des aliments, la manière de manger, le temps pris, l'ordre d'ingestion des aliments, etc., tout cela doit être intégré pour assurer le rôle soignant durant le repas.
Cet exercice renvoie à soi -même, et peut s'avérer difficile pour l'infirmière. Une réflexion personnelle sur le sens du repas thérapeutique et un échange avec les autres professionnels aident à trouver la « bonne place ».
Les règles sont claires et connues de tous. L'objectif est de manger le contenu de son plateau en essayant de ne pas trier, de ne pas découper à l'excès, ni écraser, ni mélanger ses aliments. L'attitude de chacun doit être adaptée pour favoriser la convivialité, ce qui sous-entend certains comportements à bannir comme téléphoner, utiliser un Ipod ou lire. Le rythme du repas est donné par le soignant. Les conversations autour du poids, des aliments, des valeurs caloriques, de l'évolution personnelle des patients, etc., sont à proscrire. Le but est que les personnes soignées focalisent leur attention sur autre chose que le contenu du plateau qui, depuis plusieurs mois, voire davantage, a été leur princi- pale préoccupation, et, toujours, de faire naître une certaine forme de convivialité autour du repas. Au cours de ce dernier, le soignant peut proposer quelques sujets « neutres » de conversation sans pour autant les imposer, proposer aussi de mettre une musique en fond qui rompt un silence parfois lourd et difficile à supporter.
Les remarques concernant le repas ou l'attitude d'un patient sont faites ensuite, en entretien individuel. À la fin du repas, le soignant vérifie le plateau de chaque patiente et effectue les transmissions dans le dossier de soins.
Les collations sont des moments qui, comme les repas, génèrent de l'anxiété. C'est pour être plus à même de canaliser l'angoisse des patients que les infirmiers et les aides-soignants maintiennent la cohérence de leur travail en respectant les modalités du déroulement de ces temps de soins ; pour cela, il est nécessaire d'uniformiser les pratiques infirmières.
Les collations ont lieu à heures fixes, soit 10 h 15, 16 h 00 et 21 h 00. La durée ne doit pas excéder 30 minutes et ce, même si les quantités ne sont pas identiques entre les participants. C'est le temps acceptable entre les différents repas. Il est impératif de se référer avec précision aux protocoles établis pour chaque patiente par la diététicienne et non aux « dires » des patientes.
Les modalités de déroulement sont les mêmes que celles des repas thérapeutiques. La resocialisation et la convivialité lors d'une prise alimentaire restent un objectif central.
Il s'agit du temps fort de la fin de journée. À l'angoisse de s'alimenter s'ajoutent celles liées à l'arrivée de la nuit. Le cadre horaire, de 21 h à 21 h 30, est défini ainsi : la prise du repas du soir est suffisamment loin, et la digestion n'entravera pas le sommeil.
Lors de chacun de ces temps de soins, l'infirmier assure une présence bienveillante, une attention permanente à chacun. Sa présence permet souvent de désamorcer les tensions au sein du groupe de patientes et d'accompagner chacune d'elle selon ses besoins.