TCA
Conduites à tenir
Suivi rigoureux du poids, des signes cliniques d'évolution de la maladie... L'infirmier assure la surveillance des soins et un accompagnement non anxiogène.
Les objectifs de la pesée sont de permettre le suivi rigoureux de l'évolution pondérale de chaque patiente.
la fréquence de la pesée est définie dans le contrat de soins. Elle se fait toujours à jeun, en sous-vêtements, sur un matériel spécifique adapté, situé dans le poste de soins. Il permet de lire le poids, la taille et l'IMC.
La pesée est un moment important dans la prise en charge des personnes souffrant de TCA. Ce soin est très anxiogène, source de nombreux vécus douloureux ou jubilatoires, avec, souvent, le mélange des deux vécus. Bien que la charge émotionnelle face à des états de maigreur et de cachexie parfois extrêmes soit forte pour l'infirmière, celle-ci doit y être préparée pour être réellement présente et attentive envers la patiente.
Durant ce soin, l'infirmier est à l'écoute du vécu de la patiente, il l'accompagne en étant soit rassurant, pour l'acceptation de la prise de poids, soit dans une interrogation partagée, lors de la stagnation ou de la baisse de la courbe de poids. Un temps d'entretien sera prévu selon les besoins de la patiente. La retranscription du poids et de l'IMC dans le dossier de soins est effectuée par l'infirmier. La précision et la rigueur de cette retranscription sont, bien sûr, essentielles.
La pesée est l'occasion d'une observation clinique rigoureuse, la patiente dévoile l'intégralité de son corps. Le soignant, par son observation clinique, peut mesurer l'état de maigreur, et rechercher les signes de gravité et les éventuelles complications. L'infirmier est le seul professionnel à accéder ainsi au corps dénudé de façon régulière durant l'hospitalisation de la patiente.
Observation clinique rigoureuse lors des pesées :
- fonte musculaire ;
- os saillants, particulièrement les os iliaques ;
- articulations, tendons visibles.
- déshydratation : sécheresse de la peau et pli cutané ;
- escarres : rougeurs généralement sacrées ou cervicales ;
- hématomes (liés à un déficit en vitamine K) ;
- lésions dermatologiques, infections locales ;
- lanugo ;
- oedèmes des membres inférieurs ;
- acrocyanose ;
- amyotrophie des muscles du visage avec, parfois, difficultés d'élocution.
- coupures multiples au niveau des phalanges, signes de vomissements provoqués ;
- gonflement des parotides, également signe de vomissements ;
- cheveux secs, ongles cassants ;
- problèmes dentaires comme le déchaussement des dents ;
- signes d'automutilations ;
En dehors du moment de la pesée, l'infirmier assure aussi une surveillance hémodynamique à la recherche :
- d'une hypotension ou d'une hypotension orthostatique ;
- d'une bradycardie, de troubles du rythme (en lien avec des troubles électrolytiques) ;
Ainsi qu'une surveillance de la température à la recherche :
- d'une hypothermie liée au fait que le corps ne s'adapte plus ;
- d'une hyperthermie évoquant une infection.
En cas de pose d'une sonde naso-gastrique, l'infirmier en assure la surveillance spécifique. Il devra en vérifier le débit, s'assurer que le contenu de la poche de renutrition arrive bien dans l'estomac. Il veille au bon déroulement du soin : la problématique de ces pathologies conduit parfois les patientes à tenter des évitements tels que vider le contenu de la poche dans un lavabo ou tout autre récipient. La présence régulière et rassurante de l'infirmier permet d'éviter ce comportement inadapté.
L'infirmière gère les allées et venues des personnes hospitalisées dans l'unité de soins. Cela participe, en partie, à réguler l'hyperactivité omniprésente chez les personnes souffrant d'anorexie. Décrite comme incontrôlable et handicapante par les patientes, elle est l'un des troubles les plus difficiles à enrayer. Au-delà de l'activité physique évidente telle que l'exercice physique à outrance, l'hyperactivité peut être plus discrète et passer inaperçue pour l'entourage. C'est, par exemple, la station debout permanente : pour lire, regarder la télévision, téléphoner, car toute contraction musculaire consomme de l'énergie. Pour les mêmes raisons, l'équipe de nuit veille au repos et au sommeil des patientes.
Il convient également :
- lorsque les patientes ont accès à la terrasse, de s'assurer qu'elles n'en font pas le tour au pas de gymnastique ;
- de s'inquiéter, au moment des départs en permission, du mode de transport utilisé et de l'activité prévue ;
- de s'assurer que les vêtements portés sont en accord avec le temps et la saison.
Cette attitude bienveillante permet de pointer le trouble sans brusquer la patiente, pour qui l'hyperactivité est souvent un moyen de contrer la culpabilité ressentie lors d'une réintroduction alimentaire.
Les signaux d'alerte corporels ne sont plus perçus comme tels. Qu'est-ce que le froid d'une journée d'hiver quand on est en hypothermie depuis plusieurs années et que les extrémités des membres sont d'ores et déjà violacées et douloureuses ?
Comment reconnaître comme hyperactivité la simple station debout quand on s'est astreint à plusieurs heures de sport par jour, à systématiquement prendre les escaliers, à privilégier la marche ou le vélo pour se déplacer et ce malgré une fatigue extrême ? Dans cette perte des repères, l'infirmier représente la norme dans beaucoup d'aspects de la vie quotidienne. Il assure un accompagnement physique, pratiquant une marche lente et détendue, propose de s'asseoir quand cela est possible et propose des activités ludiques où le corps peut se reposer, comme des jeux de société.