Accès aux soins
Du côté des réseaux
Dans le sud des Hauts-de-Seine, le réseau Ressource fédère les énergies afin d'assurer l'accès aux soins et la prise en charge coordonnée de populations fragiles.
Le réseau tel qu'il existe aujourd'hui a, en quelque sorte, un aïeul. Sa secrétaire, Lydia Zenouda, le sait, elle qui est là depuis ses débuts ou presque. « Dans sa première version, le réseau est né de professionnels soignants désireux de s'engager autour du VIH/sida. » L'association Ressource est créée en 1993, le réseau du même nom, l'année suivante. Mais, au fil des années, son activité s'élargit : addictions, hépatites, accès aux soins... En 2005, le réseau se dote de nouveaux statuts établissant l'élargissement de son champ d'action. Ses objectifs sont pluriels : favoriser l'accès aux soins et à une couverture sociale ; mener des actions de prévention auprès de personnes vulnérables ; coordonner les projets de soins et améliorer la qualité de vie de patients en situation précaire et/ou vivant avec le VIH, avec une hépatite virale, ou souffrant d'une addiction ; améliorer les pratiques professionnelles et la coordination de l'intervention des différents acteurs sanitaires et sociaux.
Centre névralgique du réseau (principalement financé par l'assurance maladie), une équipe salariée de sept personnes - deux médecins coordinateurs, une psychologue sociale, une médiatrice de santé publique, un animateur de prévention santé, une directrice et une secrétaire. Elle assure suivi et coordination des actions, dont nombre sont menées via des partenariats actifs.
Ressource compte quelque 90 partenaires (associations, réseaux, hôpitaux, centres de soins...), sans compter les ateliers santé ville des 14 communes du sud des Hauts-de- Seine sur lesquelles il opère.
Migrants sans papiers, sans domicile fixe, souvent sans couverture sociale... Pour les hommes et les femmes suivis par le réseau, une intervention multidimentionnelle s'impose. Plus encore si s'ajoutent à la précarité IST et/ou addictions. « Le premier impératif est d'aller chercher ces personnes, de mener auprès d'elles des actions de prévention, et de les amener ainsi aux soins », souligne Ousmane Sao, animateur prévention santé. Le réseau a mené, en 2008, 49 séances d'éducation à la santé avec des foyers de migrants, de jeunes travailleurs, des ateliers santé ville. Il organise des repas mensuels d'usagers, sur des thèmes tels que diététique, parentalité, alcool, abordés avec un intervenant spécialisé.
Autre axe de travail : l'accès aux soins. Augustin Chassaing et Thierry Sainte-Marie - médecins coordinateurs - assurent une fois par semaine une consultation d'accès aux soins pour personnes précaires à l'hôpital Béclère. Gratuite, sans rendez-vous, elle est un premier pas vers l'ouverture de droits sociaux et le suivi médical. Un pas souvent difficile à franchir, d'où l'importance de la présence de Pauline Ngamaleu, médiatrice de santé du réseau. « Je suis là pour rassurer, expliquer que non, on n'est pas la police, accompagner, avec l'assistante sociale de l'hôpital, l'ouverture de dossiers d'AME-CMU », explique-t-elle. En 2008, le réseau a, ainsi, tenu 391 consultations, dont 196 ont débouché sur un suivi par le réseau, « des coordinations de parcours de soins parfois complexes, surtout quand précarité, VIH et/ou addictions s'additionnent », note Thierry Sainte- Marie.
Parmi les initiatives multiples, citons des consultations d'observance pour les patients séropositifs et des groupes de parole sur les conduites à risques en matière d'addictions pour les adolescents vivant en foyer, ainsi que des entretiens de vie pour usagers de drogues atteints d'une hépatite. Des projets de groupe de parole devraient voir le jour pour des femmes victimes de violences liées à l'alcool, ou de sevrage ambulatoire pour personnes alcooliques, associant médecins et infirmières libérales.
« L'action du réseau dépasse ainsi la seule coordination, elle est aussi action de terrain, souvent partenariale », souligne Augustin Chassaing. C'est une première démarche en direction des professionnels du soin. En 2008, ils étaient 105 à avoir adhéré au réseau. Aux médecins, psychologues, infirmières, pharmaciens, Ressource propose des formations, avec des intervenants spécialisés : prise en charge des migrants ; sommeil et précarité ; prise en charge du VIH ; alcool et adolescence. « L'action de Ressource est parfois complexe à mettre en oeuvre tant elle est plurielle, voire hétérogène, note Augustin Chassaing. Mais c'est sa richesse, et sa pertinence au vu des populations - et des professionnels qui les accompagnent - auxquelles nous nous adressons. »
Réseau Ressource
333, avenue du Général-de-Gaulle, 92140 Clamart
Tel. : 01 46 31 84 57