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Le dialogue poussif entre le ministère et les représentants des infirmiers anesthésistes a débouché, le 18 mai, sur l'occupation spectaculaire des voies de Montparnasse.
« C'est dingue de voir jusqu'où il faut aller pour se faire entendre ! », s'exclame, dépitée, Stéphanie, Iade à Paris. Il est 16 h 40, mardi 18 mai, et la gendarmerie mobile s'apprête à charger pour déloger les nombreux infirmiers restés sur les rails de la gare Montparnasse malgré l'appel de leurs représentants à reprendre le chemin du ministère de la Santé. L'évacuation, sous l'oeil des caméras, ne se soldera par aucun incident grave. La SNCF, de son côté, déplorera le blocage de « 100 000 voyageurs » et portera plainte, chiffrant le préjudice à un million d'euros.
Quelques heures plus tôt, les organisateurs de la manifestation ont appris que l'équipe de Roselyne Bachelot n'entendait pas les recevoir à l'issue du parcours. Changement de programme à 13 heures : les quelque 2 500 Iade(1) réunis dans la capitale (sur 7 700 en France) sprintent vers la gare et s'installent sur les voies. Vers 15 heures, une délégation des syndicats (CGT, Snia et Sud) et collectifs d'Iade sont reçus en urgence non loin des rails par quatre représentants du ministère. Ils en ressortent avec une annonce succincte : l'obtention de deux rendez-vous plus tôt que prévu, les 3 et 15 juin, pour aborder la nouvelle maquette de leur formation.
Ce point est l'une des raisons de la colère des Iade, qui a fait d'eux les chefs de file de la contestation du protocole du 2 février dernier sur la réforme LMD. Voici leurs principales revendications :
- Le maintien de l'exclusivité de leurs compétences. Les représentants des Iade l'estiment menacée par le volet 6 du protocole, qui encourage « l'ouverture à la validation des acquis de l'expérience » des diplômes spécialisés et de cadre. Rappelant une affirmation présentée par son équipe lors d'une table ronde le 10 mai, Roselyne Bachelot a clamé devant l'Assemblée nationale (le 19) que l'exclusivité était « absolument garantie » et qu'il n'était « pas question d'y revenir ».
- Le niveau de master universitaire (bac +5) pour leur diplôme. La ministre l'a promis pour la « fin 2010 » dans une lettre du 4 mai. Tout l'enjeu sera d'en préciser le contenu.
- Une revalorisation salariale à hauteur de 50 points par année d'études supplémentaire après le DE (soit 460 euros brut pour deux ans). Le ministère a évoqué, le 10 mai, une prise en compte du « niveau d'expertise et de responsabilité des Iade » en 2011, via la prime de fonction et de résultats.
- La reconnaissance de la pénibilité, alors que le protocole propose d'abandonner la catégorie active (retraite à 55 ans et bonification d'ancienneté tous les dix ans) en échange d'une revalorisation plus forte. Des travaux pourraient s'ouvrir en 2011 sur les « conditions de travail et les secondes parties de carrière ».
Pour autant, les Iade ont fait savoir qu'ils ne lâcheraient rien avant d'avoir obtenu davantage d'engagements écrits, et de vraies négociations. À l'heure où nous écrivions, une nouvelle journée d'action était déjà prévue pour le 8 juin.
1- Selon les organisateurs (1 200 selon la police). La grève a été suivie à environ 90 % selon les syndicats (65 % selon le ministère).
- À lire p. 3, les témoignages d'Iade recueillis le 18 mai.