L'Infirmière Magazine n° 261 du 01/06/2010

 

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Une campagne d'une ampleur inédite a été lancée pour combattre le sida au sein de la population sud-africaine.

Avec 5,7 millions d'habitants touchés par le sida sur 48,7 millions, l'Afrique du Sud compte parmi les pays les plus infectés de la planète. Selon les estimations, la maladie y provoque un millier de décès chaque jour. En décembre 2009, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le président Jacob Zuma avait affiché sa volonté de combattre la pandémie. Le 8 avril, il a lui-même effectué un test de dépistage. Ce geste s'inscrit dans une campagne de grande ampleur, dont l'une des ambitions est de dépister 15 millions d'habitants d'ici à 2011. Un changement de politique radical par rapport au déni affiché pendant des années par son prédécesseur, Thabo Mbeki (1999-2008).

Antirétroviraux

Le nouveau plan national prévoit également d'augmenter le nombre de personnes ayant accès aux antirétroviraux. Environ 900 000 patients reçoivent aujourd'hui un traitement gratuit (ils n'étaient que 483 000 en avril 2008). Le gouvernement a annoncé vouloir faire passer ce chiffre à 2,1 millions d'ici à 2012-2013. Depuis le 1er avril, tous les bébés de moins d'un an porteurs du VIH peuvent recevoir des antirétroviraux dans les établissements publics, et les femmes enceintes sont traitées plus tôt pour prévenir la transmission du virus à leur nouveau-né. Également visées par ce plan : les personnes qui cumulent VIH et tuberculose, la maladie opportuniste responsable du plus grand nombre de décès chez les patients séropositifs. Jusqu'ici, les médicaments antirétroviraux ne leur étaient administrés que lorsque le virus avait déjà significativement amoindri leurs défenses immunitaires (200 lymphocytes T CD4 par millimètre cube de sang ; un taux qui passe désormais à 350 cellules/mm3).

Former les infirmières

« Mais il faudra un certain temps avant que le plan puisse s'appliquer à l'ensemble du pays », nuance l'infirmière Sue Roberts, coordinatrice du service VIH de l'hôpital public Helen-Joseph. « De nombreuses cliniques, particulièrement en zones rurales, souffrent d'un énorme manque de moyens et de personnel de santé. » « Il est important de former plus d'infirmières au cours des années à venir, reconnaît Qedani Mahlangu, en charge de la santé au gouvernement de la province de Gauteng (où se situent Johannesbourg et Pretoria). Nous avons déjà augmenté la capacité de certaines écoles et nous travaillons aussi en partenariat avec des ONG pour enseigner les compétences spécifiques à la distribution d'antirétroviraux au personnel déjà diplômé. »

Sue Roberts estime qu'« il faudrait aussi que les infirmières puissent prescrire des antirétroviraux, notamment dans les cliniques où il n'y a pas de médecin, et que les assistantes infirmières(1) soient autorisées à pratiquer les dépistages. » « Ces dernières effectuent des prélèvements sanguins pour d'autres analyses mais ne sont pas autorisées à faire un test pour le VIH, commente- t-elle. Il y a là une incohérence à laquelle il faut remédier rapidement si nous voulons être efficaces. »

1- Statut situé entre ceux d'aide-soignante et d'IDE.