urgences
Conduites à tenir
Lorsque l'on est témoin d'un accident, il convient de sécuriser au maximum le lieu du sinistre et d'effectuer les premiers soins en connaissance de cause. Cela afin de ne pas risquer d'aggraver la situation des accidentés...
L'accidentologie routière est un réel problème de santé publique. En 2008, on compte 76 767 accidents corporels, ayant fait 96 905 blessés dont 36 179 ont nécessité une hospitalisation et 4 443 sont décédés. Ces chiffres, non négligeables, sont toutefois en nette diminution depuis quelques années. Le nombre de personnes tuées a chuté de 8,2 % de 2007 à 2008 et de 44,3 % depuis 2002(1).
Plusieurs facteurs sont à l'origine de la diminution de la mortalité par accident :
1. Le premier est la baisse de la vitesse autorisée ainsi que l'extension des contrôles de vitesse. Cela s'explique par la cinétique, c'est-à-dire l'énergie créée par un mouvement. Cette énergie cinétique répond à la loi suivante :
Énergie cinétique (en unités) = 1/2 de la masse x carré de la vitesse.
Prenons deux exemples afin de montrer à quel point la vitesse est un facteur important :
- Considérons d'abord une personne de 70 kg qui roule sur une route limitée à 70 km/h : (1/2 x 70 kg) x (70 x 70) = 17 1 500 unités.
- Considérons à présent cette même personne sur une autoroute limitée à 50 km/h : (1/2 x 70 kg) x (50 x 50) = 87 500 unités.
Même si ces nombres paraissent abstraits, on distingue la nette diminution d'énergie pour seulement 20 km/h de moins.
2. L'évolution de la construction automobile est également un facteur important, autant par la multitude d'organes de sécurité présents dans les véhicules que par les composants mêmes de ces derniers.
- Les organes de sécurité
Les coussins gonflables ou airbags situés à différents emplacements du véhicule (volant, tableau de bord, siège...) : ce sont des sacs qui se remplissent de manière très rapide d'air ou de gaz en réponse à un choc. Leur objectif est d'éviter tout choc violent contre les équipements du véhicule. Pour un effet optimal, ils doivent être couplés aux ceintures de sécurité munies de prétentionneurs.
Les prétentionneurs se situent au niveau de la partie fixe de la ceinture de sécurité, là où l'on vient attacher cette dernière. Le mécanisme, comme pour l'air-bag, se déclenche lors d'un choc. Un système pyrotechnique ou une cartouche de gaz retend la ceinture pour plaquer l'occupant contre le siège, cela en moins d'une seconde.
L'appui-tête paraît alors indispensable. En plus du confort, celui-ci permet d'éviter l'hyper extension de la tête, couramment appelée « coup du lapin », à condition que ce dernier soit ajusté à la taille de l'occupant.
- Fabrication des véhicules
Les anciens véhicules étaient fabriqués avec des composants très résistants. Ainsi, il y avait beaucoup moins de tôle froissée qu'aujourd'hui. Sur des accidents à forte cinétique, le bilan humain était souvent sévère alors que les véhicules étaient presque intacts. Aujourd'hui, cette tendance s'est totalement inversée. Les véhicules sont très souvent définitivement inutilisables mais les occupants ne sont que légèrement blessés. L'explication est simple, le véhicule absorbe la plus grande partie du choc, qui est alors fortement amoindri pour l'occupant.
Lorsque l'on est témoin d'un accident de la circulation, pour éviter le sur-accident, il faut allumer ses feux de détresse, se munir de gilets haute visibilité et d'un triangle de signalisation. Un balisage doit être effectué de part et d'autre de l'accident, à 150-200 mètres. Sur l'autoroute, on invitera si possible tout le monde à passer derrière la glissière de sécurité. Même par temps pluvieux, il ne faut pas rester dans le véhicule, la durée de vie sur une bande d'arrêt d'urgence est évaluée à vingt minutes. On veillera également à ce que le contact soit coupé.
Une fois les risques de sur-accident écartés, l'alerte doit être passée dans les plus brefs délais aux services spécialisés (18, 15). Ainsi, les secours adaptés arrivent rapidement. Cette alerte doit être précise. Elle doit annoncer la localisation de l'accident, le nombre de victimes, leur état ainsi qu'un numéro où l'on peut être rappelé.
En attendant les secours, il est possible de commencer les soins aux victimes, même sans matériel. Il est important de rappeler qu'un occupant qui ne serait pas sorti seul de son véhicule ne doit pas être extrait avant l'arrivée des secours, sauf si survient un danger imminent et vital comme un début d'incendie dans l'habitacle. De même, le casque d'un motard accidenté ne doit pas être retiré.
Alors, que faire ? Il faut effectuer un bilan rapide de la ou des victimes. Le but est de mettre en évidence une détresse vitale afin de lutter contre cette dernière. Cela ne nécessite aucun matériel. Ce bilan se décompose en trois parties :
- Neurologie : la personne est-elle inconsciente ? Si c'est le cas, en raison, par exemple, d'un traumatisme crânien grave, il faudra la mettre sur le côté, en position latérale de sécurité, après s'être assuré qu'elle respire normalement.
- Respiratoire : la personne respire mal. Elle a peut-être subi un traumatisme du thorax causant des fractures de côte, un pneumothorax... Cette personne doit être mise en position assise ou demi-assise afin de faciliter la respiration.
Doit-on pratiquer le bouche-à-bouche ? Les insufflations n'ont pas lieu d'être si le patient n'est pas en arrêt cardiaque. Les recommandations de la Sfar (Société français d'anesthésie et de réanimation) précisent que dans l'arrêt cardiaque (hors anoxique), le taux de survie est identique avec ou sans insufflation dans les cinq premières minutes puisque le patient a des réserves d'oxygène.
- Circulatoire : l'hémorragie est la première cause de détresse circulatoire chez l'accidenté. Elle est très souvent interne et donc non visible. On peut, toutefois, la suspecter simplement avec la prise du pouls radial, qui apporte beaucoup d'informations. La tachycardie doit nous orienter rapidement vers une hémorragie même si elle peut être due à la douleur ou à l'angoisse. La pression artérielle ne chutera que secondairement lorsque cette hémorragie ne sera plus compensée. Sans tensiomètre, le pouls radial donne aussi une bonne évaluation de la pression artérielle. Il est dit que la présence d'un pouls radial assure une tension supérieure ou égale à 80 millimètres de mercure. L'accidenté présentant une détresse circulatoire doit être placé en décubitus dorsal.
- Tout cela se complique avec le risque lésionnel. En effet, la moelle épinière peut être atteinte, entraînant de graves conséquences pour le traumatisé (risque de paraplégie, de tétraplégie). C'est pourquoi, dans le cas général, hors présence de détresse vitale (neurologique, respiratoire, circulatoire), la personne sera laissée dans la position où elle se trouve avec comme consigne de ne pas bouger. Un maintien de la tête sans changer la position confortera cette immobilisation jusqu'à ce que les secours arrivent et mettent en place des moyens d'immobilisation prévus à cet effet. Enfin, il convient de ne pas donner à boire ni aucun médicament, même si la personne souffre.
La prise en charge des victimes d'accidents de la circulation avant l'arrivée des secours spécialisés, avec du matériel adapté, reste compliquée et souvent pratiquée par des personnes non formées. Même si les secours arrivent dans des délais raisonnables, les premières minutes paraissent interminables. Désormais, les personnels de secours ont reçu une formation tout aussi pointue que le matériel qu'ils utilisent. Il est toutefois essentiel de rappeler que le meilleur moyen de casser le taux de mortalité par accidents de la route est la prévention. Aujourd'hui, en France, la conduite sous l'emprise de l'alcool reste la première cause infractionnelle de mortalité, devant l'excès de vitesse et le non-port de la ceinture.
1- Chiffres de l'analyse 2008, sécurité routière, ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.
2- « Guide national de référence-prévention et secours civiques ».