L'Infirmière Magazine n° 262 du 01/07/2010

 

santé publique

Fiches

Tour d'horizon des polluants à connaître... pour mieux les éviter.

DANS L'AIR AMBIANT

Les composés organiques volatils (COV) constituent un ensemble de substances appartenant à différentes familles chimiques dont le point commun est de s'évaporer plus ou moins rapidement à la température ambiante. On peut citer, parmi eux, le benzène, le styrène, le toluène, ou le trichloroéthylène et d'autres substances très volatiles comme le formaldéhyde et l'acétaldéhyde. Présents dans de nombreux matériaux de construction et produits de décoration à l'intérieur de la maison, les COV peuvent se dégager parfois pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, des mousses isolantes, peintures, moquettes, linoléum, vernis, bois des charpentes et des planchers...

L'utilisation de bombes aérosols (produits insecticides, cosmétiques, cire...), colles, produits de nettoyage (détergents, décapants, détachants, diluants, alcool à brûler, essence de térébenthine...) conduit à une émission instantanée de COV dans l'air ambiant et à une inhalation directe si la personne n'est pas protégée. Les processus de combustion et la cuisson des aliments produisent également des COV, dont la concentration dans l'air intérieur est accrue par la fumée de tabac.

UN IMPACT DIRECT

Le tétrahydrofurane (solvant) attaque les nerfs, et les éthers de glycol à courte chaîne (solvants notamment utilisés dans les peintures « à l'eau ») ont montré une toxicité spécifique à la moelle osseuse et aux testicules et une tératogénécité. Certains, comme le benzène(1), le 1,3-Butadiène(2) ou le trichloroéthylène (solvant pour de nombreuses substances synthétiques ou naturelles) sont cancérigènes. « C'est également le cas du formal- déhyde, qui, au-delà de ses effets irritants sur l'appareil respiratoire et les muqueuses oculaires, est reconnu cancérigène (cancer du rhinopharynx, leucémie) depuis 2004, pour des expositions longues et répétées », souligne le Dr Souvet. Principalement émis par les matériaux de construction, les meubles, les peintures et les produits d'entretien, le formaldéhyde fait actuellement l'objet d'une étude conduite à l'initiative des Pouvoirs publics dans 300 écoles maternelles et crèches. « Cette étude, commente le Dr Souvet, risque de confirmer les conclusions issues de celle conduite par l'Asef, en 2009, sur un échantillon de 10 crèches témoins à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nice et Aix-en-Provence, qui a révélé la présence dans l'air respiré par les enfants de trois molécules cancérigènes, le benzène, le formaldéhyde, et les phtalates (ndlr : ils servent à assouplir les plastiques et sont présents dans les cosmétiques, dans les jouets, certains textiles avec inscriptions, et peuvent être avalés). Concernant le formaldéhyde, si l'on compare les résultats aux valeurs guides de référence édictées par les autorités de contrôle sanitaire françaises, les taux émis par les lits représentent déjà plus d'un quart de la valeur toxique de référence - sans prendre en compte le reste des meubles et peintures polluant l'air de la chambre. »

Des éléments qui confirment les résultats d'une autre étude diligentée par la Drass Rhône-Alpes en 2006, montrant que la crèche et l'école maternelle contribuent pour 24 à 40 % à l'exposition globale des enfants au formaldéhyde, que le logement participe pour 59 à 75 %, et que l'exposition globale est susceptible d'engendrer des risques pour la santé. Au-delà des nourrissons et des enfants, certaines personnes y sont particulièrement sensibles (femmes enceintes, personnes âgées ou atteintes d'une maladie chronique). « Il est donc indispensable que tous les soignants, et les infirmières en particulier, connaissent ces risques pour informer, prévenir et sensibiliser au maximum à la protection des plus sensibles », insiste le Dr Souvet.

LES BONNES PRATIQUES

Car, en attendant 2012, date à laquelle les bâtiments neufs seront soumis à la norme 10 g/m3 de formaldéhyde et l'étiquetage des matériaux en contenant obligatoire(3), il convient de conseiller les familles pour leur permettre, par de simples réflexes au quotidien, de diminuer les sources de pollution intérieure et de respirer un air plus sain. Au chapitre des bonnes pratiques, voici, entre autres, quelques gestes et attitudes à mettre en oeuvre :

- aérer : chaque jour, hiver comme été, aérer pendant dix minutes matin et soir, permet de renouveler l'air ambiant et le taux d'humidité relatif ;

- ventiler : si le logement n'est pas équipé d'une ventilation mécanique contrôlée (VMC), une ventilation « naturelle » permet la circulation de l'air dans le logement. Il ne faut donc pas boucher les entrées d'air, grilles ou bouches d'aération, et il faut penser à les entretenir ;

- maintenir une température ambiante comprise entre 18° et 20 °C et chauffer régulièrement son logement ;

- éviter les parfums d'ambiance, désodorisants, aérosols (insecticides, pesticides...) ;

- privilégier les produits portant un écolabel garantissant une faible émission de COV (peintures sans COV par ex.) et limiter les produits d'entretien qui libèrent des éthers de glycol (produit pour les vitres) et les sprays qui dégagent des substances irritantes (produit pour dépoussiérer les meubles) ;

- si les matériaux ou le mobilier émettent des COV, prendre des précautions pour leur mise en oeuvre (gants, masque), aérer, ne pas occuper la pièce immédiatement et ventiler le local pendant plusieurs semaines (acheter le lit de bébé dès le début de la grossesse et le mettre à « dégazer » dans le garage quelques mois avant la naissance, ce qui permet au formaldéhyde de se dissiper) ;

- ne pas cuisiner sans hotte aspirante ni sans aération.

Ces quelques conseils ne sont pas exhaustifs. Pour plus d'informations sur le sujet, le Guide de la pollution de l'air intérieur(4) et le site http://www.prevention-maison.fr répondent à de nombreuses questions sur le sujet.

1- Le benzène est un constituant naturel du pétrole brut, généralement synthétisé à partir d'autres composés organiques présents dans le pétrole. 2- Hydrocarbure gazeux incolore et inflammable, utilisé comme réactif dans la fabrication de caoutchouc synthétique, de vernis, du nylon et des peintures au latex.

3- Source : Afsset, Rapport d'expertise « COV et environnement intérieur » - 21 octobre 2009.

4- Le Guide de la pollution de l'air intérieur peut être commandé gratuitement sur le site http://www.preventionmaison.fr ou sur celui de l'Inpes : http://www.inpes.sante.fr.