Vieillissement cognitif
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Rester actif plus longtemps aide à préserver ses capacités mentales. Encore faut-il exercer dans de bonnes conditions.
le 8 juin, le Centre d'analyse stratégique organisait une journée d'études sur le vieillissement cognitif. Lors de ce séminaire, chercheurs, médecins et spécialistes se sont accordés à dire que l'activité professionnelle était bénéfique au-delà de 60 ans. Avec un certain à-propos : une semaine après, le ministre du Travail, qui présentait la réforme du gouvernement, annonçait que l'âge légal de départ à la retraite serait reporté à 62 ans d'ici à 2018, à raison de quatre mois par an à partir du 1er juillet 2011.
Selon Patrick Lemaire, professeur des universités et chercheur au CNRS, « on perd 40 % de nos capacités cognitives entre 20 et 60 ans. Après 70 ans, le déclin est accentué. » Mais nous ne sommes pas égaux face au vieillissement. Si tous les individus connaissent une évolution de leurs capacités mentales, avec le temps, « chacun utilise son cerveau de façon différente pour compenser les effets du vieillissement », souligne Stéphane Adam, chef de l'unité de psychologie clinique du vieillissement à l'université de Liège et à l'université de Louvain.
Le vieillissement de la population globale et active explique l'intérêt porté aux politiques de promotion de la santé cognitive, et plus spécifiquement à la question des âges au travail. « En restant actif professionnellement à 60 ans, on gagne environ un an et demi de fonctionnement cognitif alors qu'en étant inactif, on perd deux ans, ajoute-t-il. Mais il faut aussi prendre en compte l'impact positif des loisirs, par exemple, car c'est l'activité globale qui a une influence sur la cognition de la personne âgée, peu importe ce qu'elle a fait avant 55 ans. »
Stress prolongé, horaires décalés, démotivation... Dans la sphère professionnelle, la pénibilité n'est pas seulement physique, et l'épanouissement au travail dépend, notamment, de l'intérêt et du bien-être que l'on y trouve. En un mot : « J'aime mon travail ou pas. » C'est pourquoi engager des efforts en matière d'organisation du travail, de formation tout au long de la vie et de prise en compte de l'expérience professionnelle des seniors conditionne un vieillissement réussi dans et par l'emploi. C'est ce que confirme l'étude Visat(1), menée en partenariat avec des médecins du travail du sud de la France : « Nous pensons que ce que vivent les travailleurs tout au long de leur carrière façonne de manière importante leur santé immédiate et à long terme. »
« C'est un virage à 180 degrés qu'il faudrait prendre, avec une bonne stratégie préventive. Préconiser un travail durable qui s'inscrirait dans un développement durable », conseille Stéphane Adam. Et puis, bousculer nos habitudes de pensée, sans oublier que le taux d'emploi en France reste faible. Pourquoi ne pas proposer une retraite graduelle, sans passer de 100 % d'activité professionnelle à 0 % ? « Diminuer la pénibilité du travail des infirmières pourrait passer par une diminution graduelle de leur présence au travail et, de ce fait, par une augmentation de leurs congés », estime Stéphane Adam. À bon entendeur...
1- Visat : Vieillissement-santé-travail. Cette étude, commencée en 1996, a donné lieu à toute une série de recueils de données et de publications (voir http://www.visat.fr).