Ordre infirmier
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Roselyne Bachelot a de nouveau haussé le ton face à l'Ordre, qui s'inquiète pour sa survie.
né dans la douleur, et souvent secoué depuis, l'Ordre semble plus menacé que jamais. Le couperet de Roselyne Bachelot tournoie en effet au-dessus de sa tête depuis plusieurs semaines. Le 19 mai, à l'Assemblée nationale, la ministre de la Santé répond à une question du député UMP Yves Bur et clame qu'elle soutiendra sa proposition de loi sur l'Ordre infirmier. Le député UMP, jugeant l'ordre « coûteux et inutile » pour les infirmières salariées, propose de limiter l'obligation d'inscription au tableau aux seules libérales, soit environ 70 000 infirmières sur les quelque 480 000 que compte la profession. Pour les salariées, l'affiliation à l'Ordre deviendrait facultative. Dans la foulée, la ministre a estimé que 20 euros par an, contre 75 euros actuellement, serait un montant raisonnable... et susceptible, s'il était adopté, de faire changer le gouvernement d'avis. Cet avertissement est intervenu au moment même où l'Ordre a lancé sa deuxième campagne d'adhésion, avec, en sus, un appel à cotisation pour 2009 destiné à celles qui ne s'en sont pas encore acquittées. Soit une addition de 150 euros pour les étourdies ou les récalcitrantes.
Pour tenter d'éteindre le feu, Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, et le député Richard Mallié ont mené une mission de médiation et rencontré l'exécutif du conseil national de l'Ordre réuni à Paris le 15 juin dernier. À cette occasion, rapporte Dominique Le Boeuf, Pierre Méhaignerie aurait indiqué devant la quarantaine d'élus présents que Roselyne Bachelot « était arc-boutée sur le sujet » et qu'elle souhaitait que l'ordre soit effectivement réduit aux seules infirmières libérales. Les députés ont donc enjoint le conseil de réfléchir à une baisse de la cotisation et ajouté qu'ils étaient prêts, de leur côté, à réduire les missions dévolues à l'ordre pour lui permettre de faire des économies. Après le départ des députés, un émissaire du ministère de la Santé a réitéré les menaces de Roselyne Bachelot et, selon la présidente, indiqué, notamment, que « le décret sur le code de déontologie ne sortirait pas tant qu'ils n'auraient pas cédé ».
Lors d'un point presse, organisé le lendemain matin, la présidente a déclaré que le conseil national était disposé à réfléchir à une baisse de la cotisation. Mais, a prévenu Dominique Le Boeuf, si le gouvernement maintenait sa position, « cela reviendrait à faire disparaître l'Ordre. En effet, tout ordre professionnel, en France comme à l'étranger, n'a de sens que s'il représente et régule l'ensemble d'une profession ». Et d'ajouter : « Entre mourir de mort violente et mourir de mort lente, mon coeur balance. » Pour Dominique Le Boeuf, qui se dit « très pessimiste », les vraies raisons de la posture de la ministre sont qu'elle ne veut pas de deux pilotes dans l'avion. « Elle souhaite que nous soyons juste des hôtesses de l'air. Et, pour 20 euros, c'est tout ce que l'on pourra faire ! » L'assemblée extraordinaire de l'instance, convoquée le 1er juillet prochain, devrait permettre d'y voir plus clair.