L'Infirmière Magazine n° 262 du 01/07/2010

 

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Dans le cadre d'une recherche, le Checkpoint propose des tests de séropositivité aux Parisiens ayant des relations homosexuelles.

depuis le 26 janvier, ce centre, créé par le Kiosque information sida toxicomanie, permet, en moins d'une heure, de connaître sa sérologie et de bénéficier d'une écoute adaptée. « Nous menons depuis longtemps des actions de prévention en milieu gay, et nous savons qu'évoquer son orientation sexuelle face à son médecin traitant ou dans les CDAG(1) s'accompagne souvent de réticences, explique Pierre Tessier, le directeur du Kiosque. Résultat : des dépistages tardifs et 20 % de séropositifs qui s'ignorent parmi les gays. Une catastrophe pour leur prise en charge et la prévention de la contamination de leurs partenaires. » D'où l'idée de proposer une offre de dépistage complémentaire, alternative et adaptée à la demande particulière de ce public.

pas de faux prétextes

« Le Checkpoint a été rapidement connu et, dès les premiers jours, nous avons été débordés par le succès, souligne Pierre Tessier. Depuis, près de 800 dépistages ont été effectués. L'équipe reçoit sur rendez-vous le mardi et le jeudi, sans rendez-vous les autres jours, avec des horaires originaux : par exemple, de 16 h à 22 h le mercredi ou de 8 h à 12 h 30 le lundi matin. Le centre est ouvert le samedi. « La motivation première de nos usagers, c'est la rapidité du résultat, observe Pierre Tessier. Mais c'est aussi le fait que ce service ait été pensé pour des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, qu'ils soient gays ou bi, de manière assumée ou non. » « Ici, ils savent qu'ils n'ont pas besoin d'utiliser le prétexte de la capote qui a éclaté pour justifier leur venue, assure Pierre Le Pichon, l'un des deux infirmiers du service. Ils peuvent dire vraiment ce qu'ils font, et cette honnêteté nous permet d'améliorer la prévention. »

messages forts

Les usagers sont d'abord reçus pour un entretien avec le médecin, qui fait le point sur les pratiques à risque et prescrit le test. Celui-ci est ensuite réalisé par un infirmier, qui prélève quelques millilitres de sang à l'extrémité du majeur. « En même temps, je leur demande quand ils ont effectué leur dernier dépistage, j'essaie de savoir s'ils sont en couple, s'ils ont des rapports protégés, explique Pierre Le Pichon. Je rappelle les grandes lignes de la prévention et des messages simples : savoir qu'un homo sur cinq à Paris est séropositif, ça fait réfléchir. »

Les personnes patientent trente minutes avant la révélation du résultat, transmis par le médecin. Elles répondent à un autoquestionnaire sur ordinateur. Car le projet s'inscrit dans le cadre d'une recherche biomédicale(2). « Jusqu'ici, il n'existait aucun dispositif associatif utilisant des tests de dépistage rapide (TDR), rappelle Pierre Tessier. Seuls les laboratoires d'analyses de biologie médicale sont autorisés à employer cette méthode. Il nous faut donc démontrer la faisabilité et l'efficacité d'un tel dispositif. »

1- Centres de dépistage anonymes et gratuits.

2- Le même dispositif est en cours, notamment à Marseille, sous l'égide de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et de l'association Aides.