obésité
Fiches
Des programmes sont coordonnés aux niveaux régional et scolaire afin de mieux repérer les facteurs de risque dès la petite enfance.
Même si la personne est bien accompagnée, maigrir reste une démarche individuelle difficile, et, dans ce domaine comme dans de nombreux autres, la piste de la prévention primaire doit toujours être privilégiée. Celle-ci doit intervenir dès le plus jeune âge car plus l'enfant est jeune, plus il est facile de changer ses habitudes alimentaires. Pendant la petite enfance, les parents sont aussi plus sensibles aux conseils alimentaires dispensés par les pédiatres, médecins et infirmières scolaires. Enfin, moins le surpoids est important, plus il est facile de le perdre.
Chez l'enfant, le repérage des facteurs de risque (parents en surpoids, par exemple) peut se faire facilement, à la faveur de l'observation. De plus, le rebond d'adiposité précoce est facile à objectiver et constitue un signe d'alarme pour les soignants. Il traduit un déséquilibre manifeste entre les apports et les dépenses énergétiques de l'enfant et permet de faire immédiatement le point avec les parents quant aux mesures à prendre pour éviter une aggravation du surpoids : éviter le grignotage ; encourager l'activité physique ; équilibrer les repas, limiter les « fast food », la télévision et les jeux vidéo...
On préconisera un rythme alimentaire structuré, avec quatre repas par jour pris en famille et à table : petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. L'enfant doit avoir une alimentation équilibrée et variée. « Il n'y a pas d'aliments tabous, indique Sophie Treppoz, pédiatre à Lyon et responsable du groupe de travail sur l'obésité infantile au sein de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa)(1). Mais, il faut surtout bannir le grignotage dès le plus jeune âge et chez tous les enfants, y compris chez ceux qui n'ont pas de problème de poids ! » Impliquer toute la famille est donc indispensable. « Les parents ont souvent tendance à "accabler" les enfants, et il est important de recadrer avec diplomatie leur rôle et leur responsabilité quant à la manière de gérer l'alimentation familiale, commente Fanny Wattiez, infirmière à l'hôpital A.-Paré de Mons, en Belgique. Cette remise en question est nécessaire pour inscrire les résultats dans la durée. On travaille sur les produits à privilégier et à limiter, on aide les familles à redécouvrir les soupes et les légumes cuits, souvent délaissés au profit des plats préparés, on donne des conseils et des recettes qui, sans exclure ce qu'ils aiment ni les priver à outrance, leur permettent de gérer l'envie et l'excès en restant dans le contrôle et l'harmonie. » À terme, l'amaigrissement est mieux vécu, moins pénible, et les patients ont le sentiment d'avoir fait un véritable effort sans privation excessive, ce qui est très valorisant et vraiment efficace.
Face à la nécessité d'appréhender la prévention primaire dès le plus jeune âge, des expériences sont conduites dans différentes régions de France à l'initiative de partenariats regroupant des institutions de santé (Urcam, Drass, Inserm...) et d'éducation (rectorat d'académie...), des associations et des réseaux. Ces projets, à l'instar du « Programme nutrition, prévention et santé des enfants et adolescents en Aquitaine »(2) ont pour objectif de mettre en place des actions coordonnées de prévention nutritionnelle chez l'enfant et l'adolescent.
Comme le programme de prévention santé Epode(3), lancé dans une trentaine de villes en France, ou le projet académique CAAPS(3), ils reposent sur le dépistage du surpoids et de l'obésité en milieu scolaire, sur l'amélioration de la restauration à l'école et sur la mise en place d'actions pédagogiques sur l'alimentation et l'activité physique en direction des enfants, de leur famille et de leur entourage éducatif. « Sur l'académie de Strasbourg, explique Florianne Grappe, infirmière conseillère technique auprès du recteur, nous avons mis en place en 2005 le projet CAAPS sur neuf établissements pilotes car nous avons, en Alsace, un taux très important (17,6 %) d'enfants de 5-6 ans en surpoids ou obèses. Nous avons harmonisé toutes les pratiques infirmières en matière de dépistage, mis en place un travail sur les comportements alimentaires des jeunes par le biais d'un questionnaire systématique et un suivi minimal des enfants. On essaie de leur faire prendre conscience de ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes en veillant à ce que les objectifs restent accessibles et supportables. »
Les infirmières scolaires, aidées des diététiciennes, planchent également sur l'équilibre des menus, la formation des enseignants et la mise en place de projets pédagogiques sur les thématiques « manger et bouger », en lien avec les professeurs. Elles abordent aussi l'axe « famille » dans le but d'établir des contacts, d'informer et de mobiliser la sphère familiale. « Dans les 214 établissements aujourd'hui engagés dans ce travail, l'accès aux familles reste le point faible de notre démarche, constate Florianne Grappe. C'est la raison pour laquelle, tout en pérennisant l'action au niveau des collèges et des lycées, nous allons également l'orienter, avec le concours des collectivités, vers les écoles primaires pour permettre aux plus jeunes de prendre de bonnes habitudes alimentaires et d'améliorer leur alimentation dès le plus jeune âge. »
Cette implication de l'ensemble des acteurs locaux permet de créer une dynamique d'objectif partagée et un environnement stimulant pour les sujets confrontés au surpoids et à l'obésité. Parmi ces acteurs, les infirmières sont généralement le point d'ancrage autour duquel toute cette démarche s'articule. Dans tous les contextes professionnels, leur proximité leur permet d'être des observateurs bienveillants capables de repérer les désordres, d'agir en prévention, d'alerter le corps médical et d'accompagner les patients et leur famille dans leur démarche d'amaigrissement et d'apprentissage de nouveaux comportements alimentaires et de nouveaux modes de vie.
1- Source : http://www.essentielsante.net/ebn.ebn?pid=23&domain=ess& site=8&uid=documentess_7481&rub=191
2- http://www.nutritionenfantaquitaine.fr/
3- CAAPS : http://www.acstrasbourg.fr/sections/education_formation/priorites_ nationales/education_a_la_sante/view