L'Infirmière Magazine n° 263 du 01/09/2010

 

Grippe A (H1N1)

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Santé

Deux rapports parlementaires listent les choix du gouvernement face à l'épidémie de grippe A et proposent des pistes d'amélioration.

Des contrats gardés secrets entre l'État et les laboratoires, et caractérisés par un « remarquable déséquilibre » et une « légalité douteuse »(1) ; mais, surtout, un « défaut d'association à la campagne de vaccination des professionnels de santé ». Tels sont les principaux dysfonctionnements dans la gestion de l'épidémie de grippe A (H1N1) qui ont été pointés par le rapport d'une commission d'enquête sénatoriale, paru le 5 août.

« incompréhension »

Le second constat confirme les conclusions de l'enquête menée par l'Assemblée nationale, publiées mi-juillet : « Les professionnels de santé puis les Français n'ont pas adhéré aux objectifs », notamment en raison d'une « incompréhension entre les autorités sanitaires et les professionnels de santé ». Une commission d'enquête, créée en février, a entendu 75 représentants des personnels de santé, responsables d'établissement public ou encore scientifiques. Bon nombre avaient critiqué l'action de l'État.

Parmi les griefs : les conditions de réquisition des étudiants en soins infirmiers. Le rapport cite Grégoire Cristofini, président de l'Aesi-IDF : « Nous avons subi des pressions et des menaces inacceptables de la part des centres de vaccination et des Drass. Nous devions vacciner sans respecter les protocoles habituels de soins. »

réquisitions

« Environ la moitié des étudiants infirmiers d'Ile-de-France travaillent pour financer leurs études, a ajouté Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Vu les conditions et l'ampleur des réquisitions - jusqu'à 40 heures -, certains ont perdu leur emploi. Les étudiants infirmiers ont le sentiment d'avoir été utilisés pour accomplir une tâche dans des conditions ne correspondant pas à ce qu'on leur enseigne. »

L'impact des réquisitions sur la formation a nourri d'amers débats. « Le nombre d'étudiants reçus aux examens n'a jamais été aussi élevé », a assuré Benoît Leclercq, directeur de l'AP-HP. « Certains ont bien eu leur bac en 1968 ! », a rétorqué Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat infirmier SNPI.

nouvelles pistes

Afin d'améliorer l'organisation en cas de crise, la commission d'enquête a demandé que les unions régionales des professions de santé (URPS), qui seront mises en place à l'automne, jouent le rôle de « relais de l'information délivrée par le gouvernement en cas de crise ». Les agences régionales de santé (ARS) pourraient, elles aussi, se trouver en première ligne dans l'organisation d'une campagne de vaccination : elles seraient « chargées de la mobilisation des personnels de santé, de la préparation sanitaire des centres ». La commission a, enfin, suggéré de constituer « une liste de personnels volontaires pour participer à des opérations collectives de gestion de crise sanitaire ». Le rapport du Sénat, lui, préconise de « réfléchir à l'organisation d'une structure "dormante" qui pourrait être activée en tant que de besoin ». Une idée qui est également à l'étude au Royaume-Uni.

1- Référence aux « commandes fermes et non révisables » imposées par les laboratoires. Ou encore au fait que l'État ait accepté d'endosser à leur place la responsabilité de la réparation des dommages subis par les victimes d'accidents pharmaceutiques.