ÉDITORIAL
Les temps sont durs. La réorganisation de notre système de santé ne se fait pas sans heurts. La course à la rentabilité, qui passe par la mise en place de la tarification à l’activité, est souvent mal vécue par les infirmières (Voir Enquête p. 24). Car c’est l’humanité dans les soins qui se perd au détriment de la cotation des gestes techniques. Au bout du compte, c’est la qualité des soins et la santé physique et psychologique des soignants qui en pâtissent. Améliorer la rentabilité de l’hôpital est une chose. Peut-on, pour autant, rendre la santé rentable ?
La pénurie de personnel affecte certains services de manière chronique. La grogne du personnel s’est amplifiée, et les grèves se multiplient. L’hôpital Tenon, à Paris, ne peut plus assurer les urgences dans des conditions de travail acceptables par manque chronique d’infirmiers. Le report des urgences d’un hôpital sur un autre crée un effet domino alarmant : les urgences de Saint-Antoine, de l’hôpital Beaujon, de Jean-Verdier, de Henri-Mondor et de Lariboisière souffrent des mêmes maux.
À Marseille, les salariés de l’hôpital Saint-Joseph ont déposé un préavis de grève pour les 13 et 14 octobre, contre la révision de la convention collective de la Fehap, qui rimerait avec la suppression de 11 jours fériés pour les salariés, à la division par trois de la prime de départ à la retraite, une prime annuelle « au bon vouloir de l’employeur », et à un retour à zéro de l’ancienneté quand un salarié a suivi une formation qualifiante…
Au même moment, le projet de réforme des retraites fait des remous : si le report de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans est entériné par l’Assemblée nationale, la question de la pénibilité de certains métiers devrait être tranchée très prochainement.
Autant de mesures qui vont dans le sens de la démotivation des soignants, déjà bien éprouvés par des conditions de travail dégradées.