Aujourd’hui, faute de soignants, certains services ne peuvent plus accueillir le public dans des conditions de sécurité minima. Lorsqu’un soignant est absent, il n’est pas remplacé, même si, à sa place, on croise parfois dans un couloir une intérimaire – lorsqu’elle n’a pas pris la poudre d’escampette, désamparée par l’ampleur de la tâche et par les conditions de travail. Nombre de structures fonctionnent en routine avec un effectif minimum dit « de sécurité », réservé, en principe, aux situations exceptionnelles.
Les personnels présents sont au bord de la rupture, ce qui s’exprime par un stress contagieux, une démotivation individuelle ou collective, des grèves sporadiques, un risque accru d’erreurs, un fort absentéisme, des tensions entre soignants, des demandes de mutation, voire des démissions. Ils se retrouvent en première ligne face au mécontentement des malades et de leur entourage, ne pouvant leur apporter la valeur ajoutée indispensable au soin technique que sont l’écoute, le temps et la compassion.
La stratégie actuelle incite à créer des activités « qui rapportent » (consultations spécialisées, hospitalisations de très courte durée…), avec des personnels recrutés sur les effectifs existants. Ses effets sont d’autant plus dramatiques dans les structures déjà en situation critique accueillant des personnes souvent âgées et fragiles. Le discours officiel réfute l’existence d’un sous-effectif chronique à l’hôpital, alors que celui-ci touche toutes les catégories de personnels. Pourtant, il doit être possible de concilier qualité des soins et réduction de nombreux coûts. Mais tout se passe comme si la dislocation de l’hôpital était programmée, voulue et, malheureusement, organisée.
Faut-il se résigner ?