L'infirmière Magazine n° 268 du 01/12/2010

 

NEUROLOGIE

ACTUALITÉ

CÉCILE ALMENDROS  

Si la maladie d’Alzheimer fait disparaître les souvenirs, elle efface moins facilement les émotions, ont montré des chercheurs américains.

Qu’un événement leur procure joie ou tristesse, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’un trouble apparenté oublient souvent très vite l’événement en question, mais gardent plus longtemps le souvenir des émotions ressenties à cette occasion. C’est ce qu’a découvert une équipe de chercheurs en neurosciences et psychologie de l’université de l’Iowa en étudiant cinq patients atteints de lésions à l’hippocampe, cette partie du cerveau critique pour le transfert des données de la mémoire immédiate vers la mémoire à long terme.

Tous les jours pendant vingt minutes, les patients ont visionné en alternance un film joyeux et un film triste, générant d’intenses émotions. Comme prévu, à peine dix minutes après la projection, ils ne se souvenaient plus des films. Les chercheurs leur ont alors posé des questions destinées à évaluer leurs émotions : si la tristesse semblait perdurer davantage que la joie, les deux émotions subsistaient nettement plus longtemps que le souvenir du film qui les avait générées.

Gare aux soins machinaux

Cette découverte vient infirmer la croyance populaire selon laquelle la souffrance psychologique disparaît avec le souvenir douloureux qui l’a engendrée. De même, sitôt oublié, l’appel téléphonique d’un proche, par exemple, peut durablement améliorer l’humeur du patient, note Justin Feinstein, l’investigateur principal de l’étude. A contrario, des soins dispensés machinalement peuvent engendrer tristesse et frustration, même si l’on ne sait plus pourquoi.