L'infirmière Magazine n° 269 du 15/12/2010

 

HÔPITAL JEAN-JAURÈS

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Un établissement plutôt hors normes a été inauguré cet automne : un hôpital privé à but non lucratif accueillant la principale unité de soins palliatifs du nord de Paris. I

Il y a deux ans, avec la fermeture redoutée de la clinique, ce sont 200 personnes qui risquaient d’être mises à la porte. À présent, après un an et demi de travaux et une philosophie d’établissement remaniée, nous allons atteindre un solde d’emploi positif par rapport à 2008. » Ce jeudi d’octobre, Jean-Marc Borello, délégué général du groupe SOS, n’était pas peu fier d’inaugurer l’hôpital Jean-Jaurès, un établissement privé à but non lucratif. Condamné à disparaître pour cause de difficultés financières, le centre médico-chirurgical de la Porte de Pantin (Paris, 19e) avait cessé son activité en 2008.

Public précaire

Aujourd’hui, après presque 11 millions d’euros de travaux et grâce à un projet de reprise soutenu par l’agence régionale de santé, fini la chirurgie. Place à un hôpital de convalescence flambant neuf, disposant de 150 lits et de quatre unités (soins palliatifs, virologie, hématologie, SSR polyvalent (1)), destiné avant tout à un public touché par la précarité : « Une offre de soins adaptée aux besoins du territoire, rendue possible par le fait que l’hôpital n’est pas dans une logique de rentabilité », commente le directeur, Thibaut Tenailleau. « Nous avions déjà une expérience dans le secteur sanitaire, mais jamais un projet de l’ampleur de Jean-Jaurès n’avait vu le jour, explique Sylvie Justin, déléguée générale du pôle santé-social du groupe SOS. L’avantage de notre modèle économique, c’est que nous ne rémunérons pas d’actionnaires. Cela permet de proposer des prestations qui intéressent rarement le privé. Et dans le cas de Jean-Jaurès, quand nous serons bénéficiaires, au lieu de distribuer 8 à 15 % des profits à des actionnaires, nous les investirons dans la qualité des services. »

Fin de vie

Jean-Jaurès abrite par ailleurs l’unité de soins palliatifs la plus importante au nord de Paris. « Nous travaillons avec une douzaine de bénévoles d’associations qui viennent chaque jour, tels Les Petits Frères des pauvres ou Jalmalv (2), explique Anne de Raphelis, cadre du service. Nous ne partions pas de zéro, nous nous sommes appuyés sur le travail déjà réalisé depuis plusieurs années par La Maison sur Seine (3) dans le secteur. Nous étions ainsi bien identifiés par nos partenaires pour notre prise en charge des patients en situation de précarité. »

Côté soignants, la direction fait preuve de vigilance quant aux difficultés psychologiques inhérentes au travail en soins palliatifs. En plus des groupes de parole, le personnel effectue très régulièrement des analyses de pratiques. Et, bientôt, une psychomotricienne viendra enseigner à l’équipe des exercices de relaxation et de respiration.

L’hôpital intègre, en outre, une vingtaine de lits destinés à accueillir les patients atteints par une infection au VIH ou une hépatite. Il compte aussi une unité d’hématologie réservée aux patients en intercure de chimiothérapie ou en convalescence de traitements hématologiques lourds, souvent trop faibles pour regagner leur domicile.

1- SSR : soins de suite et de réadaptation.

2- Jusqu’à la mort pour accompagner la vie (www.jalmalv.fr).

3- Ancienne unité de soins palliatifs gérée par Habitat et soins, située dans le 18e arrondissement de Paris, transférée au sein de l’hôpital Jean-Jaurès en février 2009.

SOS

Portrait de groupe

Groupement d’associations et d’entreprises, le groupe SOS intervient dans les secteurs du sanitaire, du social et du médico-social, de l’éducation, de l’insertion, de la presse, du commerce équitable et du développement durable. Il emploie 3 000 salariés et est issu du rassemblement de trois associations : SOS Drogue International, SOS Habitat et soins, et SOS Insertion et alternatives.

L’une des missions que se donne le groupe est de favoriser l’accès aux soins pour tous.