L'infirmière Magazine n° 269 du 15/12/2010

 

ÉDITORIAL

L’infirmière a encore du mal à se défaire de son image de professionnelle désintéressée, qui a choisi volontairement sa voie pour faire du bien. D’ailleurs, on le lui rend bien. Si son activité n’est plus bénévole depuis quelques décennies seulement, son salaire n’est encore revalorisé qu’à doses homéopathiques. Elle vit loin de son lieu de travail afin de bénéficier d’un loyer abordable, et doit, par conséquent, accepter des trajets longs et pénibles. Elle travaille la nuit, le week-end… Désormais, elle devra faire preuve d’endurance quelques années de plus puisqu’elle ne produit rien et participe au déficit des dépenses du secteur de la santé.

Au quotidien, l’infirmière doit respecter les procédures, saisir son activité, et dit sa frustration de ne plus pouvoir s’attarder même un court instant auprès d’un patient en attente d’un peu d’écoute et de disponibilité. Une dimension du métier adoptée par les associations qui forment des bénévoles pour partager des activités, rassurer, accompagner les patients pendant leurs examens, et pallier ainsi le manque de disponibilité des soignants. Ingratitude de l’histoire ! Ce sont les bénévoles d’aujourd’hui - dont il ne s’agit pas ici de remettre en cause la précieuse collaboration - qui recueillent la reconnaissance attendue hier en vain. En 2010, cantonnée dans un rôle dans lequel elle ne s’épanouit plus complètement, comment l’infirmière vit-elle le partenariat avec les bénévoles régulièrement valorisés par une société en mal d’écoute et de réconfort ?