« APPRIVOISER SA MALADIE » - L'Infirmière Magazine n° 270 du 01/01/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 270 du 01/01/2011

 

Interview : ANNIE GUEGEN, Infirmière au service de dermatologie du CHU de Brest

DOSSIER

Avec une autre infirmière, un médecin dermatologue et une psychologue, Annie Gueguen pratique l’éducation thérapeutique des patients.

Pour quel type de pathologies faites-vous appel à l’éducation thérapeutique ?

Nous utilisons l’éducation thérapeutique pour deux pathologies, l’eczéma atopique, pour lequel nous voyons beaucoup d’enfants, et le psoriasis, qui concerne plus les adultes. Ce sont des maladies chroniques qui se stabilisent si le traitement est bien compris et bien observé par les patients.

Comment procédez-vous ?

Nous opérons un diagnostic d’éducation pour mieux cerner le patient, afin de connaître ses possibilités, ses difficultés, son environnement familial, social et professionnel pour les adultes. Nous lui posons des questions pour évaluer ce qu’il sait de la maladie afin de déterminer sur quoi il faudra travailler. Nous réalisons un contrat d’éducation, aux objectifs régulièrement évalués et mettons au point un programme d’éducation.

Qu’apprenez-vous aux patients ?

Il y a des choses qui paraissent simples, mais qui ne le sont pas. On s’aperçoit que, souvent, les gens ne mettent pas assez de crème. Ils ont peur des corticoïdes et entendent souvent, de la part du pharmacien, « n’en mettez pas trop », alors qu’il faut une bonne quantité de crème pour améliorer le plus rapidement possible l’état de la peau en cas de crise d’eczéma, par exemple. Nous apprenons également aux patients à mieux reconnaître l’état de leur peau.

Comment remotiver un patient ?

Nous lui parlons de l’état de sa peau, du fait que c’est douloureux et que cela va s’aggraver s’il ne fait rien. Nous insistons sur la simplicité et l’efficacité du traitement. Nous pouvons également lui proposer de participer à des ateliers collectifs.

En quoi consistent ces ateliers ?

Il s’agit de groupes d’expression. Les participants échangent sur leurs réactions à la maladie, leur façon de prendre en charge leur traitement. Ils s’aperçoivent qu’ils ne sont pas seuls et, finalement, livrent leurs états d’âme. Ces ateliers sont animés par la psychologue. En tant qu’infirmières, nous sommes là pour écouter, poser des questions, et pour apporter notre expérience de la maladie et notre connaissance des patients. Des ateliers collectifs adaptés existent pour les enfants. Le temps de parole est alors précédé d’activités manuelles et d’un goûter.