ÉDITORIAL
L’année 2010 s’est achevée avec la mobilisation hors norme des soignants de l’hôpital Tenon, emblématique de conditions de travail très dégradées. Dans ce contexte, certaines infirmières finissent par ranger définitivement leur blouse. D’autres s’accrochent à leur métier. Avec raison. En ce début d’année 2011, on veut croire au devenir de la profession. L’explosion annoncée des maladies chroniques (lire notre dossier sur les pathologies de demain) imposera de redonner de la place au relationnel dans le soin. Ces maladies au long cours réclament une prise en charge bien plus large que le soin dit « technique » puisqu’il s’agit d’accompagner le patient dans son parcours de soins, de le soutenir en prenant en compte son environnement et sa situation sociale. Qui, mieux que les infirmières, peut informer, écouter et jouer ce rôle d’interface entre le malade, les professionnels et les structures de soins ? L’ordre infirmier le rappelait aussi dernièrement, l’éducation thérapeutique fait partie du rôle propre de l’infirmier. Reste à savoir si cette pratique sera suffisamment cadrée, valorisée et reconnue dans le système de santé.
2011, proclamée « année des patients et de leurs droits » par le ministère, devrait servir la profession. Si l’objectif annoncé est bien de rendre plus effectifs les droits des patients et d’assurer une prise en charge « plus respectueuse de leur singularité », il sera difficile d’éviter la question du temps passé auprès d’eux, et celle des moyens.
À moins que la solution nous vienne d’ailleurs. Dans le cadre d’un projet de l’université Vanderbilt (États-Unis), des chercheurs ont imaginé des robots pour la prise en charge de patients – dont le pronostic vital n’est pas engagé – dans les salles d’attente des urgences, tandis qu’au Japon, d’autres robots aident les malades à se lever… Des infirmières-androïdes pour pallier la pénurie de personnel, une solution toute trouvée ?