L'infirmière Magazine n° 271 du 15/01/2011

 

HÔPITAL SAINTE-ANNE

ACTUALITÉ

ÉTABLISSEMENTS

Le nouveau programme d’études oblige équipes soignantes et pédagogiques à revoir leurs méthodes. Un exemple à Paris, avec les situations de soins professionnalisantes.

Les situations de soins professionnalisantes constituent un outil pédagogique essentiel dans la formation clinique des étudiants du nouveau programme d’études infirmières. Pour les élaborer, une méthodologie rigoureuse et une coopération étroite entre services de soins et Ifsi sont nécessaires, comme l’a expliqué l’équipe du centre hospitalier Sainte-Anne de Paris (hors AP-HP) au Salon infirmier de novembre dernier.

Dans cet établissement, l’élaboration des « situations cliniques », amorcée dès septembre 2008, est aujourd’hui bien avancée, avec dix situations de soins référencées sur le pôle de psychiatrie et cinq sur celui de neurosciences. Ce projet, conduit conjointement par la coordinatrice générale des soins du centre hospitalier et la directrice de l’Ifsi, mobilise l’ensemble des professionnels concernés par la ré­forme des études : infirmières, cadres et cadres supérieurs de santé, cadres formateurs.

Mutualisation

Une méthode en quatre étapes a été proposée. Chaque équipe de soins a commencé par sélectionner soit des situations cliniques spécifiques à son domaine d’activité (accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques, par exemple), soit des situations rencontrées dans plusieurs pôles (comme l’entretien avec un patient présentant une anxiété), qui se prêtent à une « mutualisation des ressources et à une meilleure compréhension de ces situations professionnelles », précise Anne Ladagnoux, adjointe à la direction de l’Ifsi. Chaque contexte a ensuite été décliné dans une logique de compétences à mobiliser ou d’activités à réaliser, conformément aux modalités officielles d’évaluation des étudiants en stage. Le portfolio constitue ce « support pédagogique de traçabilité de la progression des acquisitions des compétences », rappelle Élisabeth Jean-Louis, directrice de l’institut.

Valorisation infirmière

À partir d’une trame commune à chaque unité de soins, un document synthétique a été élaboré, détaillant les compétences mobilisées, les savoirs associés (théoriques et procéduraux) ainsi que les activités infirmières afférentes. Enfin, cet outil pédagogique, soutenu par une « forte volonté institutionnelle », a été validé en commission des soins infirmiers de rééducation et médico-techniques, précise Sylvie Leuwers, coordinatrice générale des soins à Sainte-Anne. De l’avis des participants, ce travail renforce la coopération entre les services cliniques et l’Ifsi, clarifie les responsabilités de chacun et valorise l’activité des infirmières. La démarche permet de « mettre les bons mots sur la façon d’agir avec les patients », grâce à un travail d’explicitation des pratiques fort utile aux soignants, qui avaient tendance à « faire machinalement » et qui peuvent ainsi « réinvestir les soins », note Carole Martin, IDE en neurologie, qui a participé à l’élaboration des situations cliniques relatives aux AVC et à la sclérose en plaques.

Les étudiants, quant à eux, sont épargnés par le stress de la mise en situation professionnelle et plus réceptifs à un objectif concret de pratique quotidienne. Ils se montrent « plus impliqués et curieux d’apprendre par eux-mêmes », ces situations cliniques leur offrant « une vision globale du parcours du patient, de son admission jusqu’à sa sortie du service ». Dans le cadre de la mobilité interne du personnel, les infirmières nouvellement accueillies dans un service peuvent, en outre, appréhender la réalité des prises en charge en consultant le compte rendu de ces situations cliniques. À terme, les documents devraient être disponibles sur l’intranet de l’hôpital et accessibles aux étudiants et aux soignants.