INFIRMIÈRES COORDINATRICES
ACTUALITÉ
COLLOQUES
Aux Assises de la transplantation, à la Pitié-Salpêtrière (Paris), la nécessité d’un transfert de compétences des médecins vers certaines infirmières a été soulignée avec force.
À l’initiative de la Société francophone de transplantation, médecins, infirmières et représentants de l’Agence de biomédecine se sont retrouvés le 27 janvier pour évoquer les difficultés rencontrées par les équipes de greffe dans la prise en charge des candidats à la transplantation, dont le nombre va croissant.
Corinne Antoine, médecin expert auprès de l’Agence de biomédecine, a fait état d’une hausse du nombre de demandeurs d’organes comprise entre 55 et 88 % selon les pathologies, de 2000 à 2010. À l’heure d’« une diminution annoncée de la démographie médicale », le Pr Yvon Berland, corédacteur du rapport Hénart sur les métiers intermédiaires en santé (lire notre précédent numéro pp. 3 et 6), et président de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé, a plaidé pour un rôle central des infirmières de coordination dans une nouvelle organisation des soins. « Un métier socle », a précisé le président de l’université d’Aix-Marseille-2, pour lequel il faut « identifier les besoins et la formation à acquérir ». Ces infirmières doivent être dotées « de compétences supérieures et de plus de responsabilités », a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de « les voir prescrire ». Tandis que l’activité de prélèvement augmente depuis dix ans, de même que l’allongement de la survie des patients transplantés, les fonctions de ces infirmières particulières sont, de fait, très nombreuses.
Coordinatrice de greffes hépatiques au département hépato-biliaire de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (AP-HP)
Pour atteindre le bilan actuel de « 2 700 transplantations hépatiques […] avec 86 % de survie à un an, contre 80 % de moyenne nationale », l’équipe médicale de Paul-Brousse a misé, « depuis vingt ans », sur les infirmières coordinatrices, a affirmé Colette Danet : « Au cours de l’année 2010, notre équipe a assuré 300 consultations par mois, 15 bilans prégreffe, 30 à 50 entretiens, et géré 300 appels pour la gestion de 134 greffes. »
La position de l’infirmière coordinatrice est cependant loin d’être généralisée, et elle est encore moins reconnue. Malgré « beaucoup de motivation », Colette Danet, qui fonde « beaucoup d’espoir dans la réforme LMD », a néanmoins regretté qu’il n’y ait « ni formation spécifique ni reconnaissance financière et statutaire ». Un paradoxe quand on parle de délégation.
Coordinatrice de greffe rénale à l’hôpital Necker (AP-HP) – où sont pratiquées 600 à 700 transplantations par an, Catherine Fournier a dressé le même constat. Vice-présidente de l’Association française des infirmiers de dialyse, transplantation et néphrologie, elle souhaite « la création d’une consultation infirmière dédiée au suivi des transplantés sur le mode de l’alternance avec les médecins ».
La chose n’est cependant possible que « si les dispositifs permettant d’acquérir les compétences » voient le jour, a-t-elle observé, estimant par ailleurs qu’« une expérience d’au moins deux ans dans un service de transplantation » s’avère nécessaire.
1– Premier centre de transplantation hépatique de France.
« Ni formation spécifique, ni reconnaissance financière… »
Colette Danet, coordinatrice à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (94)