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LE POINT SUR
Trouble thyroïdien le plus fréquent touchant surtout les femmes, l’hypothyroïdie est caractérisée par une insuffisance transitoire ou définitive de la production d’hormones thyroïdiennes.
La thyroïde est une glande endocrine qui sécrète des hormones riches en iode : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Leur sécrétion est régulée par la TSH (thyréostimuline hormone), elle-même sécrétée par l’hypophyse. Elles interviennent dans de nombreuses réactions métaboliques comme la digestion, la fonction cardiaque, la température corporelle, le système de reproduction, la régulation de l’humeur ou du poids.
On parle d’hypothyroïdie lorsque qu’il y a une insuffisance de production de T3 et de T4.
→ Les hypothyroïdies périphériques sont provoquées par une atteinte de la glande thyroïde. Ce sont les formes les plus courantes. Les causes peuvent être auto-immunes (thyroïdite de Hashimoto, thyroïdite du post-partum), infectieuses (thyroïdite de De Quervain), et on retrouve alors des anticorps antithyroïdiens anti-TPO ou iatrogènes (traitement d’une hyperthyroïdie, radiothérapie, ablation totale ou partielle de la thyroïde, effets secondaires de certains médicaments comme l’amiodarone, le lithium, les interférons alpha et beta). Dans d’autres cas moins fréquents, elle est due à une carence en iode (pays non industrialisés) ou à des anomalies congénitales.
→ Les hypothyroïdies secondaires ou centrales sont provoquées par une insuffisance hypophysaire.
L’hypothyroïdie entraîne un ralentissement global de l’organisme caractérisé par de la fatigue, un manque d’énergie, un syndrôme dépressif, des troubles de la mémoire, un ralentissement intellectuel. D’autres signes apparaissent : bradycardie, frilosité, prise de poids, constipation, troubles des règles, crampes musculaires et douleurs à la mobilisation. Dans certains cas, l’hypothyroïdie reste presque asymptomatique.
Dans les formes plus graves, la pathologie évolue vers un myxœdème. Le visage devient bouffi, infiltré. La peau est sèche, jaune. La langue, les mains et les pieds sont épaissis, la voix devient rauque. Les cheveux sont cassants et il y a une perte d’audition.
Chez la femme enceinte, l’hypothyroïdie augmente le risque de troubles du développement du fœtus, de prématurité et de détresse respiratoire néonatale.
Le diagnostic clinique est difficile à poser car les symptômes sont nombreux, variés et non spécifiques.
Le diagnostic biologique repose en première intention sur le dosage de la TSH, qui est augmentée en cas d’hypothyroïdie primaire (valeurs normales : 0,15 mU/l à 4 mU/l). À noter : lorsque le taux d’hormones thyroïdiennes baisse, celui de TSH augmente par effet de rétrocontrôle. On dose aussi la T4 (valeurs normales : 8,5 à 17,1 µg/litre). L’hypothyroïdie est dite « symptomatique » ou « franche » quand la TSH est élevée et la T4 diminuée ; « infraclinique » si la TSH est augmentée et la T4 normale ; « secondaire » quand la TSH est normale et la LT4 diminuée. Le dosage des anticorps antithyroïdiens confirme une thyroïdite auto-immune.
Le traitement consiste à substituer les hormones thyroïdiennes manquantes par des hormones de synthèse. On utilise principalement de la lévothyroxine sodique (Levothyrox cp, L-Thyroxine gouttes) par voie orale. On ajoute rarement de la liothyronine (Cynomel) car elle présente des effets cardiaques.
Chez un adulte, la mise en place de lévothyroxine débute par une dose de 25 µg, qui est augmentée par paliers hebdomadaires de 25 µg jusqu’à l’obtention du dosage adéquat (75 à 150 µg/j). Levothyrox existe en 8 dosages, de 25 µg à 200 µg. Le patient a souvent 2 dosages en alternance un jour sur deux. L’efficacité du traitement est obtenue au bout de 15 jours à 6 semaines. Lorsqu’on souhaite un résultat plus rapide, on instaure d’emblée 75 µg par jour. Les doses sont adaptées chez la personne âgée, en cas d’insuffisance coronarienne, cardiaque ou de troubles du rythme. Chez la femme enceinte, lorsque la pathologie est préexistante, la dose est augmentée de 25 % (les besoins augmentent à partir de la huitième semaine jusqu’à un plateau, la seizième semaine).
La lévothyroxine doit être prise le matin à jeun, 15 à 20 minutes avant le petit déjeuner, pour éviter une interaction avec les aliments ou les autres médicaments. Les gouttes buvables (forme adaptée au nourrisson et au petit enfant) s’administrent dans de l’eau ou un peu de lait et se conservent au réfrigérateur. La forme injectable est utilisée en perfusion lente IV dans 250 ml de sérum. La liothyronine (Cynomel) s’administre à jeun et l’instauration du traitement se fait de façon très progressive. Il existe une forme galénique associant les deux molécules (Euthyral).
Le suivi clinique permet des repérer les signes de surdosage (tachycardie, tremblements, excitabilité, sueur, amaigrissement rapide, diarrhée) ou de sous-dosage (dépression, prise de poids, constipation, fatigue). Lorsque l’étiologie est périphérique, un dosage de la TSH 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose efficace est effectué. Des contrôles sont ensuite réalisés tous les 6 à 12 mois (plus fréquemment en cas de grossesse ou chez les personnes âgées) ou 2 mois après une adaptation posologique. La présence d’anticorps anti-TPO est vérifiée. Si l’origine est centrale, seul le dosage de la LT4 est nécessaire.
L’oubli ponctuel est sans conséquence. Administrer le comprimé si l’oubli est constaté moins de 12 heures après. Si le dosage est différent un jour sur deux, penser à se baser sur les jours pairs et impairs.
L’administration concomitante de certains médicaments modifie l’absorption des hormones (sels de fer, topiques gastro-intestinaux, anti-acides).
L’alimentation doit être équilibrée :
- pauvre en graisses et en sucres rapides, pour favoriser la perte de poids ;
- riche en fibres, pour lutter contre la constipation ;
- riche en aliments iodés (œufs, lait, poissons…).
AVEC L’AIMABLE COLLABORATION DE MME CAROLA DEPARADE, MÉDECIN ENDOCRINOLOGUE À L’HOPITAL DE CARPENTRAS
→ La prévalence de l’hypothy roïdie en France est estimée entre 0,5 et 2 %.
→ Elle est deux à trois fois plus fréquente chez la femme et son incidence augmente avec l’âge.
→ 50 % des hypothyroïdies sont autoimmunes, 40 % sont secondaires au traitement d’une hyperthyroïdie, et les 10 % restants ont des causes variées.
→ 1,9 % des hommes et 3,3 % des femmes présentent une hypothyroïdie frustre. Dans un tiers des cas, elle évolue vers une hypothyroïdie avérée.
→ L’hypothyroïdie congénitale ou crétinisme se caractérise par un hypofonctionnement de la glande thyroïde.
→ Elle concerne 1 naissance sur 3 500.
→ Dépistée systématiquement au 4e jour de la vie grâce au test de Guthrie, qui détecte les hypothyroïdies périphériques, elle n’est repérée que plus tard lorsqu’elle est d’origine centrale.
→ Elle est due à un trouble héréditaire de la synthèse des hormones, à une absence ou à une position anormale de la thyroïde ou à une anomalie de l’hypophyse.
→ Non traitée, elle induit un retard de croissance, un retard mental et limite les acquisitions psychomotrices (crétinisme).
→ Elle associe, à la naissance, un ictère prolongé, des troubles de la déglutition, de la constipation, un tonus musculaire insuffisant, une langue hypertrophiée, une hypothermie et une infiltration cutanée.