L'infirmière Magazine n° 274 du 01/03/2011

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Ce qui caractérise la profession infirmière, c’est la soumission et l’effacement. Ainsi, la place du soignant infirmier est plus que souvent celle d’un singulier « secrétariat » médical et paramédical. Aujourd’hui, malgré des études médicales et paramédicales pointues, le soignant infirmier demeure à la marge, au point que, souvent, l’on ne juge pas nécessaire de l’informer, considérant que son avis, ses savoirs et ses pouvoirs sont relatifs, improductifs, et, pour tout dire, pas essentiels.

Il est incontestable, au su de la réalité de l’exercice infirmier, que le soignant, malgré son savoir, sa technique et son pouvoir légal, ne participe pas comme il se devrait, et comme il serait légitime, de la démarche de soin au sein d’un collectif. Le rôle propre infirmier, qu’est-il dans les faits sinon une peau de chagrin, quand ce n’est pas absolument rien ? Les diagnostics infirmiers, quel service peut se targuer d’en faire son quotidien ? La prescription infirmière, qui peut s’en vanter et montrer un ordonnancier infirmier, qui plus est, dont il fait régulièrement usage ? Cependant, toutes ces prérogatives, ainsi que d’autres, sont inscrites dans la loi et fondent, aujourd’hui autrement qu’hier, la profession infirmière. Cette profession qui, cependant, et comme on le constate souvent, en est encore à interpeller le médecin afin qu’il lui prescrive, par exemple, des compresses stériles pour réaliser un soin. Ou qui adapte sa planification des soins en fonction des disponibilités et/ou des desiderata des autres intervenants paramédicaux. Ou qui n’ose prendre aucune initiative, y compris dans l’urgence, quand, pourtant, son savoir le lui permet et que la loi lui en fait l’obligation. L’universitarisation de la formation infirmière aidera-t-elle à sortir de ce carcan de soumission, d’infantilisation, d’effacement ? L’avenir le dira.