L'infirmière Magazine n° 274 du 01/03/2011

 

ÉDITORIAL

Aussi savant et réformateur que fut Auguste Comte, pouvait-il prévoir que la sociologie, qu’il a élevée au rang de science sociale, connaîtrait pareil essor avec l’explosion des technologies modernes de communication et des réseaux sociaux ? Ces derniers, même admis comme étant efficaces pour intégrer de nouvelles communautés, sont encore parfois considérés comme une source d’entraves à une certaine forme de liberté. On ne peut néanmoins condamner les blogs et les réseaux qui offrent un précieux moyen d’expression aux populations brimées. Mais, fait récent, les vertus de ces réseaux ne s’arrêteraient pas aux bénéfices directs des personnes qui les fréquentent mais recéleraient aussi un intérêt scientifique. C’est ce qu’un groupe de sociologues de la Saïd Business School de l’université d’Oxford semble ­valider. On ne pouvait enquêter jusqu’ici qu’à l’aide d’entretiens ou de ­questionnaires diffusés auprès d’échantillons statistiques de population souvent insuffisamment qualifiés, pour valider des théories et identifier des modèles de comportement. Ils se réjouissent aujourd’hui de pouvoir étudier à grande échelle nos déplacements, nos humeurs et nos rythmes de vie grâce aux nombreuses traces numériques que nous générons. Si Facebook en vient à compter un milliard d’abonnés d’ici peu, il est difficile de se maintenir du côté du seul respect de la vie privée sans se représenter, en parallèle, ce véritable laboratoire vivant, et les nombreuses conclusions que ces heureux sociologues pourront valider à partir d’un nombre inespéré de sujets… Et pourquoi ne pas envisager d’intégrer les données collectées par les réseaux sociaux pour valider des thématiques relatives aux besoins de santé, voire des hypothèses de recherche en soins ?