SANTÉ MENTALE
ACTUALITÉ
Un projet de loi instaure des soins sans consentement en ambulatoire. Plusieurs dispositions suscitent un large vent de fronde.
Les députés, le 16 mars, ont repoussé les frontières des soins de psychiatrie pratiqués sans consentement
Lors de la première lecture de ce projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques »
Autre mesure-phare, une procédure de suivi renforcé pour les patients ayant été hospitalisés en unité pour malades difficiles (UMD) et ceux en soins psychiatriques à la suite d’une déclaration d’irresponsabilité pénale – avec un « droit à l’oubli »
Ce projet de loi a suscité un puissant vent de fronde. Parmi les principales critiques des très nombreux psychiatres, usagers, magistrats ou politiques opposés au projet, le fait que ce texte fasse primer la sécurité pour la société au détriment de la santé et de la liberté des patients.
Jean-Claude Pénochet, président de l’Intersyndicale des psychiatres publics, admet une « petite amélioration » : la saisine automatique d’un juge en cas de désaccord entre le psychiatre et le préfet sur une sortie d’hospitalisation sur décision du représentant de l’État. Mais il regrette que cette possibilité reste « très partielle (puisqu’elle ne concerne pas les demandes de transformation vers des soins ambulatoires mais seulement les levées d’hospitalisation) et inopérante (dans la mesure où le préfet peut demander un recours suspensif) ».
Le recours difficile au juge, c’est justement l’une des critiques du contrôleur général des lieux de privation de liberté dans un tout récent avis sur les pratiques d’hospitalisation sous contrainte
Beaucoup, à l’image de Jean-François Popielski, directeur des soins de l’EPS Erasme, à Antony, s’interrogent sur les moyens mis en œuvre pour cette loi (applicable à partir du 1er août). Il pose également cette question : « Quand le patient, à domicile, ne respectera pas son contrat, comment faire ? Faudra-t-il aller le chercher avec la police ? » Il déplore également un manque de consensus et d’expérimentations. Le plan santé mentale, annoncé par la secrétaire d’état Norra Berra pour l’automne prochain, contentera-t-il plus les professionnels ?
1- 70 000 personnes concernées par an.
2- La suite du débat parlementaire était prévue le 22 mars, avec le vote solennel à l’Assemblée.
3- La durée pour ce « droit à l’oubli » doit être précisée par le Conseil d’État.
4- Paru au Journal Officiel du 20 mars, sur www.journal-officiel.gouv.fr