DOSSIER
L’ESSENTIEL
La maladie de Parkinson idiopathique est une affection neurodégénérative se traduisant par un déficit en dopamine cérébrale. Rigidité, tremblement et lenteur à l’initiation ou à l’exécution des mouvements la caractérisent. Sa prise en charge thérapeutique repose sur un ensemble de traitements médicaux et chirurgicaux destinés à corriger cette « triade symptomatique », mais qui ne peuvent enrayer la progression de la maladie.
Pour tenter d’améliorer la qualité de vie des patients, un accompagnement paramédical est mis en place aux différents stades de la maladie, où interviennent kinésithérapeutes, psychologues, ergothérapeuthes et infirmiers. Lorsque l’autonomie du patient se dégrade, le rôle infirmier est essentiel dans le suivi des prescriptions médicamenteuses et des soins, ainsi que dans le soutien aux aidants, parfois démunis ou en difficulté avec le malade.
Tremblement de repos, bradykinésie ou akinésie, rigidité (ou hypertonie) sont les éléments de la triade parkinsonienne.
Ces signes sont présents à des degrés divers selon les sujets et le stade de la maladie.
Il inaugure très souvent la maladie mais peut être absent (environ 30 % des cas). C’est un tremblement de repos, lent (3 à 5 cycles par seconde), affectant notamment la main (le tremblement ressemble à un mouvement d’émiettement du pain). Il diminue ou s’amende lors des mouvements volontaires de la partie du corps concernée. Il cesse pendant le sommeil. Inversement, il est augmenté par les émotions, la fatigue, la concentration intellectuelle et la réalisation d’une activité motrice volontaire dans une autre partie du corps. Il est unilatéral ou asymétrique au début de la maladie. Le membre inférieur peut également être concerné, de même que la mâchoire. La tête est, généralement, épargnée.
L’akinésie se traduit par un retard à l’initiation des mouvements. La bradykinésie correspond à une lenteur gestuelle.
Au niveau du visage, on observe une pauvreté de la mimique et une raréfaction des mouvements spontanés (type clignement des paupières). La parole est monotone et monocorde.
Au niveau du membre supérieur, la perte du ballant du bras lors de la marche est un signe d’alerte. Le patient peut se plaindre que son écriture s’amenuise (micrographie). Il peut avoir du mal à réaliser certains gestes alternatifs rapides (se brosser les dents, battre une omelette) ou certains gestes fins (se boutonner, se raser).
Certains sujets, en dépit de leur akinésie, ne peuvent rester immobiles en station debout et piétinent sur place: c’est l’akathisie.
L’hypertonie ou rigidité se traduit par l’apparition d’une résistance lors des mouvements passifs. La rigidité cède par à-coups, réalisant le phénomène de la « roue dentée ». Les troubles de la marche apparaissent en général plus tardivement (voir Évolution p. 33).
Le patient peut se plaindre, au stade initial, d’une raideur lors de la marche.
Les signes moteurs peuvent être précédés de plusieurs mois ou années par d’autres manifestations : dépression, troubles cognitifs, douleurs articulaires (épaules), fatigabilité à l’effort, troubles olfactifs et visuels.
→ Le diagnostic de maladie de Parkinson idiopathique est clinique. Il repose sur la recherche de la « triade parkinsonienne ».
→ Pour le diagnostic positif, on retient aussi l’asymétrie des symptômes, l’absence d’autres signes neurologiques et une bonne réponse au traitement dopaminergique : sous L-dopa, l’amélioration clinique est en général supérieure à 50 %. Les autres syndromes parkinsoniens répondent moins bien au traitement.
→ Aucun examen complémentaire n’est nécessaire mais toute suspicion de syndrome parkinsonien atypique nécessite la réalisation d’un bilan (voir encadré ci-contre).
→ Dans les autres syndromes parkinsoniens dégénératifs, il existe, en plus des signes parkinsoniens, des signes neurologiques atypiques : chutes précoces, symptômes pyramidaux, atteinte de la verticalité des mouvements oculaires, démence précoce, syndrome dysautonomique, syndrome cérébelleux, syndrome frontal.
Quatre entités sont distinguées:
– la paralysie supranucléaire progressive (5 % des syndromes parkinsoniens);
– les atrophies multisystématisées (10 % des syndromes parkinsoniens) ;
– la dégénérescence corticobasale (1 % des syndromes parkinsoniens) ;
– la démence à corps de Lewy diffus. Ces syndromes peuvent nécessiter la réalisation d’examens paracliniques: IRM cérébrale, TEP (tomographie à émissions de positons), DAT-scan, enregistrement des mouvements oculaires.
→ Les syndromes parkinsoniens secondaires sont dus à des causes diverses : maladie de Wilson (due à une accumulation de cuivre, à rechercher chez le sujet de moins de 40 ans), origine vasculaire, tumeur, intoxication par le monoxyde de carbone, médicaments (neuroleptiques essentiellement, y compris les « neuroleptiques cachés » : métoclopramide, métopimazine, alizapride).
Les causes précises de la mort prématurée des neurones dopaminergiques ne sont pas connues. Environ 15% des patients ont des parents présentant également une maladie de Parkinson.
→ Dans les formes non familiales, certains gènes pourraient également intervenir. Le gène codant pour l’alphasynucléine est situé sur le chromosome 4. Cette protéine est retrouvée dans les corps de Lewy. Mal conformée ou surabondante, elle serait capable d’induire la dégénérescence des neurones dopaminergiques.
→ D’autres gènes ont pu être identifiés : le gène codant pour la parkine, le gène codant pour Pink-1.
→ Les facteurs environnementaux ont été suspectés après observation de syndromes parkinsoniens induits par la méthylphényltétrahydro-pyridine, toxique autrefois utilisé par les toxicomanes. Les pesticides, herbicides (roténone) et métaux lourds pourraient aussi être en cause.
→ Il est admis que le tabac constitue, par ailleurs, un facteur protecteur, de même que le café.
L’évolution de la maladie de Parkinson est progressive et variable selon les sujets. Elle compromet au fil du temps l’autonomie du patient.
→ Dans un premier temps, la réponse au traitement est bonne (c’est la « lune de miel »).
→ Après cinq à quinze ans, en moyenne, de traitement dopaminergique, des complications surviennent. Elles sont liées au traitement lui-même ou à l’évolution de la maladie : résurgence des signes parkinsoniens rythmés par les prises médicamenteuses ou imprévisibles (effet « on/off »), dyskinésies (mouvements anormaux involontaires). Elles peuvent être également liées à l’âge ou à des lésions non dopaminergiques.
→ On peut observer des troubles de la posture avec attitude en triple flexion (légère flexion du cou, du tronc et des membres, induisant une posture inclinée vers l’avant) et des troubles de l’équilibre. Les altérations de la marche s’aggravent: marche à petits pas, avec parfois des accélérations incontrôlables (c’est la festination), blocages lors de l’initiation du mouvement, en cours de déambulation, lors d’un demi-tour ou devant un obstacle (c’est le « freezing »). Les troubles de la parole s’accentuent, entraînant un isolement social du patient.
→ Des troubles psychocomportementaux (dépression, apathie, délires, hallucinations le plus souvent visuelles) peuvent également survenir. Les troubles du sommeil sont fréquents. Une détérioration cognitive peut apparaître, avec développement possible d’une démence (20 à 40 % des cas), différente de la démence liée à la maladie d’Alzheimer.
→ On peut observer des troubles dysautonomiques : hypotension orthostatique, troubles urinaires, constipation, hypersalivation, hypersudation.
→ Conséquences : complications postchutes (fractures…), complications de décubitus (escarres, phlébites, embolie pulmonaire, infections) et fausses routes, souvent à l’origine du décès du patient.
→ La maladie de Parkinson résulte de la dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques du locus niger, une zone faisant partie des noyaux gris centraux (ces structures participent aux fonctions motrices, cognitives et comportementales). Cette dégénérescence, supérieure à celle observée dans le vieillissement « normal », perturbe le fonctionnement de la voie nigrostriatale (entre le locus niger et le striatum). Il en résulte une forte inhibition thalamique puis corticale, à l’origine des symptômes parkinsoniens.
→ Il existe aussi des lésions non dopaminergiques dans d’autres noyaux sous-corticaux ainsi qu’au niveau des neurones sérotoninergiques. Ces atteintes peuvent expliquer la survenue de symptômes fréquemment associés (dépression, troubles cognitifs ou comportementaux…).
→ Le processus dégénératif s’accompagne de la formation des corps de Lewy (dépôts protéiques anormaux dans les zones atteintes).
→ Deuxième maladie neurodégénérative (en fréquence) après la maladie d’Alzheimer.
→ Cause la plus fréquente de syndrome parkinsonien (environ 65 %).
→ Prévalence : 2 ‰ en population générale ; 2 % chez les plus de 65 ans.
→ Deuxième cause de handicap moteur d’origine neurologique chez le sujet âgé (après les AVC).
→ Fréquence un peu plus élevée chez l’homme.
→ Débute en moyenne entre 55 et 65 ans, mais peut survenir à tout âge.
→ Effet « on/off » Passage brutal et rapide (une minute environ) d’un état parkinsonien (« off ») à une motricité quasi normale (« on »).
→ DAT-scan radiotraceur injecté par voie IV permettant de visualiser la fonction dopaminergique présynaptique en tomoscintigraphie d’émission monophotonique.
→ Corps de Lewy Inclusions intracytoplasmiques éosinophiles retrouvées dans les neurones altérés.