On continue de mal mourir en France », a constaté en ouverture d’un colloque pluridisciplinaire sur la fin de vie(1) l’ex-ministre Bernard Kouchner. « Bien sûr, les progrès sont flagrants depuis 2002 : la morphine est enfin utilisée sans qu’on l’assimile à la toxicomanie, les soins palliatifs se sont multipliés… Mais, en matière de réponse au mal-mourir, le soin palliatif n’est pas toute la réponse, et l’on ne dispose pas d’un service derrière chaque personne. » Le père de la loi du 4 mars 2002, relative aux droits des malades, a déploré le récent débat avorté sur l’aide active à mourir : « Que craignait-on ? C’est un blocage français, idéologique. Le suicide n’est pas interdit en France, la réflexion doit pouvoir se faire. Une loi sur le suicide assisté ou l’euthanasie n’est peut-être pas nécessaire, mais le débat, lui, l’est. » Et de poursuivre : « Si la loi Leonetti(2) représente un grand pas, je regrette qu’elle ait redonné le dernier mot au médecin plutôt qu’à la personne malade, c’est le contraire de ce que je voulais… Le droit des malades, c’est la position inverse. En dépit du savoir incontesté des médecins, le dernier mot devrait rester à la personne, malade ou pas. »
1- « Fin (s) de vie », organisé à Parisle 1er mars, à l’initiative de la fondation d’entreprise Eisai.
2- Votée en avril 2005, la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, qui porte le nom du député UMP des Alpes-Maritimes Jean Leonetti, instaure un droit au « laisser mourir », sans toutefois dépénaliser l’euthanasie.