L'infirmière Magazine n° 278 du 01/05/2011

 

ÉDITORIAL

À l’heure où nous écrivons, la grande machine du « droit d’option » (catégorie A ou B pour les IDE de l’hôpital public) commence à distiller ses résultats (lire p. 6). Deux semaines après la date butoir, d’importantes disparités persistent selon les sondages et les établissements. Mais deux faits se détachent. D’abord, le choix du A n’est pas un plébiscite (la FHF avance même la possibilité de « deux tiers en B »). Ennuyeux, pour une réforme censée couronner la reconnaissance de la formation au grade de licence, et réanimer des salaires comateux depuis 1988.

Ensuite, la proportion d’infirmières qui n’ont pas répondu s’annonce importante (plus de 20 % à l’AP-HP, par exemple). Témoigne-t-elle d’un vrai choix de rester en B, afin de conserver le droit de partir à la retraite entre 55 et 57 ans ? D’un certain désintérêt ? D’un manque d’information ? Le doute plane. Le ministère continuera-t-il, si le flop se confirme, à rendre impossible tout changement d’avis ? En attendant, les jeunes sont sommées de cotiser ferme pour leurs aînées… Une IDE embauchée en 2011 partira à 62 ans, contre 55 ans pour une autre ayant pris sa retraite au début de 2010. Sept ans dans les services, ça use, ça use… Les hausses de salaire prévues peuvent-elles vraiment racheter ce surcroît de pénibilité ? Une jeune infirmière recevra un réel coup de pouce en début de carrière, mais verra ensuite l’effet s’atténuer. Elle devra alors gravir l’échelle indiciaire jusqu’aux sommets pour constater de nouveau une vraie différence. Quant aux conditions de travail, on peut raisonnablement douter qu’elles s’améliorent.

Dès lors, personne ne semble trouver pleinement son compte dans cette réforme menée au bulldozer (des décisions prises avant la discussion de la réforme générale des retraites ; un seul syndicat signataire, représentant 1 % des salariés ; des outils de simulation retraite mis à jour un mois seulement avant l’échéance…). Pour les infirmières, le cadeau garde un arrière-goût amer. Pour les établissements, il faudra encore jongler entre budgets serrés et pénurie. Le gouvernement, lui, peut au moins se féliciter d’avoir ouvert une nouvelle brèche dans les acquis sociaux des fonctionnaires… Drôle de façon de rendre le service public de santé plus attractif !