L'infirmière Magazine n° 278 du 01/05/2011

 

ÉVÉNEMENT

ACTUALITÉ

Parler de la mort, partager les expériences du deuil pour mieux vivre, voilà l’ambitieux dessein d’un nouveau salon.

Une centaine d’exposants sur 1 500 m2 et « autour de 15 000 visiteurs », selon les organisateurs, tel est le beau succès dont peut se prévaloir « le premier Salon de la mort grand public au monde », organisé à Paris du 8 au 10 avril(1). L’intitulé de la conférence inaugurale résumait bien la philosophie de cette curieuse initiative : « Pourquoi parler de la mort ? La mort aide à vivre ! »

« Notre destin à tous »

Sur l’estrade, la psychologue Marie de Hennezel(2), rayonnante sexagénaire, a longuement évoqué « les ravages » que cause, dans notre société , « le déni de la mort ». Ainsi, à trop vouloir l’exclure de notre quotidien, « nous appauvrissons nos vies, nous en perdons le goût », a– t-elle témoigné. Car l’injonction de discrétion désormais imposée au deuil conduit régulièrement à « des dépressions au long cours » : « La mort qui n’a pas sa juste place dans la vie finit par envahir toute l’existence. » L’univers du soin n’est, hélas, pas étranger à ce phénomène. Seule une personne sur quatre mourant à l’hôpital est accompagnée par un proche(3), a rappelé Marie de Hennezel, dénonçant l’encore trop grand nombre de « transferts in extremis des mourants de la maison de retraite à l’hôpital », comme s’il fallait préserver les autres résidents, voire les soignants, de ce qui est pourtant « notre destin à tous » et sur lequel nous ferions bien de « méditer ». « Je me souviens de cette infirmière » d’une unité de soins palliatifs, a raconté la conférencière, « qui m’avait dit : “Depuis que je travaille dans ce service, j’aime encore moins laisser une ardoise derrière moi : si je me suis disputée avec quelqu’un dans la journée, je prends mon téléphone et j’essaie de régler la chose avant la nuit”. »

1– Au Carrousel du Louvre. Une deuxième édition est déjà prévue pour avril 2012, dans le même lieu.

2– Auteur de l’ouvrage de référence La mort intime, Robert Laffont, 1995.

3– Étude « Mort à l’hôpital (Maho) », publiée en 2008.