L'infirmière Magazine n° 278 du 01/05/2011

 

FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIÈRE

ACTUALITÉ

Les IDE ayant choisi la catégorie A (avec retraite à 60 ans) semblent moins nombreuses qu’escompté par le gouvernement. Dans certains hôpitaux, le B est même majoritaire.

Deux semaines après la fin du droit d’option(1) des infirmières de la fonction publique hospitalière, la répartition exacte de celles qui ont opté pour la catégorie A et de celles qui ont décidé de rester en B restait inconnue. Mais des estimations étaient déjà disponibles. Premier à avoir dessiné des tendances, sur la foi d’une enquête effectuée par ses équipes « dans de nombreux CHU et CH », le syndicat SNPI estime qu’« une infirmière sur trois a fait le choix de la catégorie A », une sur trois celui de rester en B et qu’« une sur trois n’a même pas jugé utile de faire son choix dans ce jeu de dupes », ce qui les maintient de facto en B. Soit, globalement, un tiers qui passeraient en A et deux tiers qui resteraient en B. Des proportions à peu près inverses à celles constatées par FO après un sondage dans les établissements où le syndicat est implanté, soit « environ la moitié de la profession », selon le secrétaire fédéral Denis Basset. « Il semble qu’au final, environ 60 % des IDE ont opté pour le A et 40 % pour le B », indique-t-il, précisant que, parmi les répondants, la répartition est de 70 % de A et 30 % de B. « Ce qui nous interpelle, c’est que 15 à 20 % des infirmières n’ont pas ré­pondu », ajoute Denis Basset.

L’AP-HP, mi-A mi-B

La DGOS(2), chargée de centraliser les données, n’a pas répondu à nos sollicitations. Certains syndicats ayant donné la consigne de ne ré­pondre qu’au dernier moment, du retard a sans doute été pris dans le décompte des réponses. Au moment où nous écrivions, seule l’AP-HP fournissait des chiffres officiels partiels, mais qui n’évolueraient plus qu’à la marge, selon la direction de la communication. Ainsi, sur les 18 191 réponses dépouillées au 14 avril sur un total de 23 442 IDE (77,6 %), 11 752 se prononçaient pour la A et 6 443 pour la B, soit, respectivement, 64,6 % et 35,4 % des répondants.

Selon la Fédération hospitalière de France (FHF), les 60 % d’infirmières dont les réponses avaient été traitées au 31 mars se répartissaient en deux moitiés à peu près égales. « Ce qui veut dire que sur le stock, on en a deux tiers en B et un tiers en A », observait le responsable du pôle RH hospitalières, Patrick Lambert. Une enquête de la FHF ciblée sur les CHU a par ailleurs révélé « des réponses extrêmement diversifiées en fonction de l’âge moyen des infirmières » dans chaque établissement, soulignait-il, les plus jeunes optant massivement pour la catégorie A, à l’inverse des plus âgées.

« Césure »

On pourrait donc s’orienter vers une répartition moitié-moitié, voire vers davantage de B que de A. Ce serait un camouflet pour le gouvernement, qui espérait 60 à 80 % de choix en faveur de la catégorie A(3), source de gains dans les dix prochaines années pour la caisse de retraites. Et pour cause : « Pour une infirmière, choisir entre catégories A et B, ce n’est pas juste une question de carrière, c’est aussi un choix de vie, dit Patrick Lambert, de la FHF, car, en ligne de mire, il y a l’âge du départ ».

Sommées d’abandonner la reconnaissance de la pénibilité de leur travail pour gagner le droit d’être reconnues à la juste valeur de leurs études et de leurs responsabilités, nombre d’infirmières se sont, ainsi, cabrées. Conséquence immédiate de la réforme : la cohabitation de trois statuts différents (lire l’encadré) dans les services, ce qui, pour le syndicaliste Denis Basset, revient à introduire « une césure dans la profession ».

1– La date limite était fixée au 31 mars 2011, cachet de la Poste faisant foi.

2– Direction générale de l’offre de soins du ministère de la Santé.

3– Les Echos, 17/08/2010.

UN MÉTIER, TROIS STATUTS

Désormais, les IDE hospitalières partiront à la retraite : entre 55 et 57 ans pour celles recrutées avant décembre 2010 et qui sont restées en B ; 60 ans pour les IDE recrutées avant décembre 2010 et qui ont choisi le A ; 62 ans (comme dans le privé) pour les nouvelles diplômées et les IDE recrutées depuis le 1er décembre 2010, classées d’office en A. Toutes verront leur salaire augmenter, mais la hausse sera plus forte en A.