L'infirmière Magazine n° 279 du 15/05/2011

 

FORMATION CONTINUE

FICHE TECHNIQUE

La survenue d’une infection du site opératoire peut être vécue comme un échec par les équipes. Elle est, en effet, considérée comme évitable.

DÉFINITION

On parle d’infections associées aux soins pour les infections du site opératoire (ISO) « survenant dans les trente jours suivant l’intervention ou, s’il y a mise en place d’un implant, d’une prothèse, ou d’un matériel prothétique, dans l’année qui suit l’intervention »(1).

LOCALISATION

Les ISO sont classées en deux ou trois catégories. Le Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (Cclin) Paris Nord(2) évoque, ainsi, les infections de la partie superficielle de l’incision (peau et tissus sous-cutanés), de la partie profonde de l’incision (fascia et muscle) et de l’organe ou de l’espace concerné par le site opératoire.

DIAGNOSTIC

La présence d’une ISO peut être attestée par la découverte de pus ; une culture positive ; des signes d’infection (douleur, sensibilité, rougeur, chaleur, fièvre et/ou abcès); un diagnostic du chirurgien(3).

CONTAMINATION

Trois voies de contamination sont possibles : préopératoire (plaie souillée…); peropératoire (germes présents sur les mains…); ou postopératoire (si un drain pose problème…). Les germes proviennent, en général, du patient. La contamination est favorisée par des facteurs liés à ce dernier (son âge, son état de santé…); extérieurs (telle la durée d’hospitalisation); ou liés à l’acte opératoire ou à l’environnement.

OBJECTIFS DE LUTTE

Le programme national de prévention des infections nosocomiales 2009-2013 vise, notamment, à diminuer d’un quart le taux d’incidence de certaines ISO d’ici à 2012. Au terme du programme 2005-2008, avaient été déplorées la non-généralisation de la surveillance des ISO et l’insuffisante utilisation de la friction hydroalcoolique pour les mains.

La désinfection des mains fait partie des recommandations de la Société française d’hygiène hospitalière(4), de même que la recherche d’infection préexistante, et une éventuelle dépilation du malade (en préopératoire); une éventuelle antibioprophylaxie du patient, la limitation des mouvements de personnel « au strict nécessaire » (au bloc); et la surveillance quotidienne postopératoire de la plaie. Sensibilisation du personnel et information des patients comptent aussi. En résumé, le chirurgien Olivier Chapuis(5) préconise dépistage et traitement précoces et agressifs contre les ISO, qui sont considérées comme évitables (sauf aléa thérapeutique).

1- « Actualisation de la définition des infections nosocomiales », 2007, sur www.sante.gouv.fr

2- « Surveillance des infections du site opératoire », janvier 2011, sur www.cclinparisnord.org

3- Cf. les résultats de la surveillance 2010 du Cclin Paris Nord. http://bit.ly/hAhXiq (page 9)

4- « Surveiller et prévenir les infections associées aux soins », septembre 2010, sur www.sf2h.net

5- Cette fiche s’appuie sur son exposé à la 15e Conférence nationale des plaies et cicatrisations, en janvier 2011.

ZOOM

→ Les conséquences peuvent être graves

→ Les ISO constituent des événements indésirables, considérés comme graves lorsqu’ils sont à l’origine d’une hospitalisation ou de séquelles avec handicap ou incapacité. À titre d’exemple, le Cclin Paris Nord fait état de 29,8 % de réhospitalisations et de 28,7 % de réinterventions pour ISO en 2010. 1,8 % des ISO ont été marquées par une létalité — au total, 0,5 % des patients opérés sont décédés suite à une ISO.

→ Comme le rappelle la SF2H, les ISO ont une responsabilité directe ou indirecte dans le décès du patient dans 4 % des cas. Elles représentent, en fréquence, la troisième source d’infection associée aux soins. Selon le réseau des Cclin, le taux d’incidence s’est élevé à 1,5 % pour presque un million d’interventions de 1999 à 2006. Le Cclin Paris Nord, lui, rend compte, en 2010, d’un taux d’incidence brute de 1 % — taux variable selon le caractère d’urgence ou non de l’opération, entre autres.

→ À noter que 35 % des ISO ont été découvertes avant que le patient ne sorte du service, et 65 %, plus tard. En moyenne, elles apparaissent dix jours après le geste opératoire, et se situent en majorité à la partie superficielle.