FORMATION INITIALE
ACTUALITÉ
Dix ans après la création de la Fnési, des milliers d’étudiants infirmiers ont dénoncé une réforme des études « bâclée ».
Douze mai, Journée internationale des infirmières. Les étudiants ont saisi l’occasion pour manifester leur colère face à la mise en œuvre « chaotique » de la réforme des études. À Paris, la police a dénombré « entre 2 500 et 3 000 » manifestants. Ils étaient « plus de 8 000 » selon la Fnési
Venus de toute la France, les étudiants ont crié leur sentiment d’appartenir à « des promos tests », des « promos sacrifiées » pour essuyer les plâtres de l’universitarisation. Les stages cristallisent le malaise. Claire, étudiante à l’Ifsi de la Croix-Rouge de Nantes, déplorait le manque de formation des tuteurs au portfolio : « Ils le remplissent mal ou avec la mentalité d’avant. » Très long à renseigner, le document requiert un temps que les soignants n’ont pas, d’où la fermeture de certains terrains de stage.
La réduction du nombre de stages pose aussi problème. « Avant, on était évalués sur ce qu’on faisait en stage, expliquait Guillaume, étudiant en première année à l’Ifsi de Tenon (AP-HP). Maintenant, il faut que tous les items du portfolio soient validés. À nous de changer de service le temps d’une journée pour avoir l’occasion d’effectuer certains actes. » Or, beaucoup ont fait leur stage en crèche, en PMI ou en consultation. « Quels actes ai-je appris pendant mon stage en consultation d’ophtalmologie, à part mettre des gouttes dans les yeux ? », s’interroge Guillaume.
Nombreux sont les soignants, dans les services, qui doutent des vertus pédagogiques de la réforme. « Beaucoup nous ont dit qu’ils ne voudraient pas être soignés par nous plus tard », confie Claire. Le mode de délivrance des cours engendre aussi de la frustration. À l’Ifsi de Tenon, biologie, pharmacologie, santé publique, handicap, etc. sont assurés par vidéo. Pour Guillaume, étudiant de première année, cela induit de « cruels manques pédagogiques » pour un métier « vachement humain à la base ». Et de déplorer « l’absence de TD qui se rapportent au cours » et l’impression d’être livré à soi-même. « On nous demande de faire des recherches, mais on fait rarement des corrections, alors on ne sait pas si ce qu’on a fait est bien », renchérit Lauriane.
Reçue au ministère de la Santé, une délégation d’étudiants a obtenu de vagues promesses : impliquer davantage les étudiants dans l’évaluation de leur formation, former les tuteurs de stage et garantir - l’accès des ESI à tous les services universitaires
1- Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers.
2- Bibliothèque, restaurant, médecine, infrastructures sportives, etc.
3- Selon la Fnési, les bourses des ESI sont aujourd’hui 20 % moins élevées que celles de leurs homologues de l’université.
À lire en version longue, notre reportage en date du 13/05/2011.
« Je pense que c’est une profession qui mérite un Ordre, qui a besoin de la structuration avec un Ordre. Ce n’est pas parce que les choses se sont mal passées depuis le départ qu’il faut le condamner, le rejeter en bloc aujourd’hui. »
Le ministre de la Santé Xavier Bertrand, à l’Assemblée nationale, où, dans la nuit du 18 au 19 mai, l’amendement d’Yves Bur visant à rendre l’inscription à l’Ordre infirmier facultative pour les IDE salariées a été rejeté.