Si la recherche infirmière n’est pas portée, en France, par une filière universitaire ni par des laboratoires dédiés, il y a pourtant « des infirmières qui ont des doctorats et des masters », a rappelé la présidente du Cefiec, fin mai(1). Joëlle Kozlowski a pointé deux problèmes : ces IDE et leurs travaux ne sont « pas répertoriées nationalement »(2), a-t-elle déploré, et « la diffusion et la publication des travaux de recherche » pèchent. Or, la diffusion de ce savoir pourrait servir de base à la construction d’une filière universitaire en sciences infirmières. Pour la Portugaise Arminda Costa, présidente de la Fédération européenne des enseignants en soins infirmiers, « nous avons pris les choses à l’envers en France en entrant dans le niveau L du LMD, sans que personne ne soit prêt, ni formé », rapporte la présidente. Il n’est pas trop tard : avec la loi sur l’autonomie des universités, « si, demain, on trouve une ou deux universités prêtes à créer un doctorat en sciences infirmières, c’est parti ! », assure-t-elle. Un débat reste à trancher, note Jane-Laure Danan, vice-présidente du Cefiec : « Doit-on s’adosser à des universités pour se prévaloir d’un niveau doctoral en sciences connexes ou plutôt ouvrir des écoles doctorales dans les domaines qui sont le cœur de métier des infirmières ? » Réponse de l’intéressée : « Avoir des doctorats dans d’autres disciplines si nous n’avons pas de doctorat en sciences infirmières […], ça ne donnera pas de visibilité à la plus-value du travail des infirmières et donc à l’utilité de la recherche. »
1- À l’occasion des 66es Journées nationales d’études du Comité d’entente des formations infirmières et cadres, les 25 et 26 mai à Paris, sur le thème « La recherche en soins infirmiers. Pourquoi et comment initier la recherche en formation initiale ? ».
2- En 2008, le Cefiec avait mené l’enquête en son sein. Bien que parcellaires, les résultats avaient permis de recenser quelques dizaines d’IDE doctorantes et docteures dans des disciplines très variées.