ACTUALITÉ
CHRONIQUE
Décidément, la profession infirmière rue dans les brancards et se retourne contre les ordres… Après avoir été quasiment enfantées par les ordres religieux, les nurses en cornette avaient signifié leur rejet complet de l’asservissement. Nous avions fait notre Mai-68 à nous : les infirmières ne seraient désormais ni bonnes, ni nonnes, ni connes ! En ce début de XXIe siècle, les infirmières ne sont plus du tout disposées à entrer dans les ordres, encore moins dans l’Ordre, apparemment. Il en est ainsi quasiment fait de cet ordre professionnel presque mort-né : trop cher pour des IDE payées au rabais, trop loin de leurs préoccupations…
L’Ordre devait être un rempart garantissant l’identité infirmière, un régulateur des conflits et désordres de la profession. Il devait nous enrôler, nous ficher, nous labelliser, nous encarter, dire qui pourrait exercer ce beau métier, il devait être tout ça, rien que ça ! Mais patatras, l’Ordre a péché dès l’origine, fautant là où on l’attendait le moins, se prenant les pieds dans le tapis vert de l’argent. Le voilà englué dans de sombres histoires de cotisations outrancières et d’insolvabilité à peine la crémaillère pendue… Pour ceux qui y croyaient, c’est une malédiction. Pour les opposants, c’est la confirmation de pronostics prédisant l’échec de cette usine à gaz. Pour les sceptiques, sûrement le plus grand nombre, l’Ordre, c’est un peu le Canada Dry des docteurs : ça ressemble à l’Ordre des médecins, ça en a presque le nom et la forme, mais c’est encore une piquette que beaucoup d’infirmiers ne sont pas prêts à avaler.
Reste à sauver la face. Si le ridicule ne tue pas, il risque bien de laisser une profonde amertume dans nos rangs : faudra-t-il alors, en urgence, convoquer les forces de l’ordre ?