L'infirmière Magazine n° 283 du 15/07/2011

 

EUROPE

ACTUALITÉ

Comment s’organise le rôle infirmier dans la prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein ? Tout dépend des pays…

En France, en Belgique, en Espagne ou en Suisse, la prise en charge des patientes at­teintes de cancer du sein est à peu près similaire. Mais une table ronde aux journées Eurocancer 2011(1) a mis en évidence un rôle infirmier légèrement différent d’un pays à l’autre. Si l’infirmière coordinatrice des soins est, par exemple, présente en France et en Belgique, en revanche, la Suisse, où la prise en charge oncologique débute en médecine de ville, ne semble pas avoir développé cette fonction à l’heure actuelle. Un point fort pour la Belgique : l’existence d’une spécialisation en oncologie. Celle-ci est désormais obligatoire pour les infirmières coordinatrices exerçant dans les 49 cliniques du pays. À défaut, elles doivent attester de plus de cinq ans de pratique dans ce secteur du soin.

En Catalogne (Espagne), ce sont surtout les moyens informatiques et pédagogiques dont disposent les soignants qui semblent impressionner Francisco Arbones, infirmier espagnol qui exerce à l’Institut Curie de Paris : « Tous les dossiers sont informatisés, et les établissements sont reliés entre eux de sorte que les professionnels autorisés peuvent accéder aux indicateurs de leurs confrères, a-t-il expliqué. Par ailleurs, de nombreux outils sont mis à disposition des soignants, comme un logiciel de raisonnement par problèmes, qui permet d’élaborer un programme de soins personnalisé pour chaque patient. » Les infirmiers catalans se voient aussi remettre des documents informatifs (oncoguides) à distribuer.

Retard helvète

La Suisse, dont le fonctionnement fédéral rend certes complexe toute standardisation, pâtit de la fragmentation de son système de soins. Certains des 26 systèmes de santé cantonaux n’ont adopté aucune politique de dépistage organisé du cancer du sein. Ce pays se distingue aussi par l’absence de mammographie de prévention gratuite, 15euros restant à la charge de la patiente. Pour autant, tous les soignants de la table ronde européenne ont souligné que leur pays n’atteignait pas les objectifs fixés en termes de participation au dépistage organisé : seulement 61 % en Belgique, 52 % en France. « Il n’existe pas non plus de réelle HAD en Suisse, a observé Anne-Laure Barras, du Centre de chimiothérapie anticancéreuse de Fribourg. Cela commence tout juste à se développer. » Enfin, les débats ont permis de constater que l’organisation en réseau est davantage une spécificité française.

1– Du 21 au 23 juin derniers, à Paris.