MIEUX DOMPTER LA LOMBALGIE - L'Infirmière Magazine n° 285 du 15/09/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 285 du 15/09/2011

 

CENTRE DES MASSUES

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS

À Lyon, une équipe pluridisciplinaire de médecine physique et de réadaptation mène des programmes d’éducation thérapeutique à la lombalgie chronique en quatre semaines.

La lombalgie est la première cause de maladie professionnelle. En effet, dix pour cent des patients connaissent une évolution chronique de la pathologie. Il s’agit alors d’une affection médicale, psychologique et sociale. » C’est le constat que fait le Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer, chef du service de médecine physique et de réadaptation (MPR) du centre médico-chirurgical des Massues, situé à Lyon. Profitant d’un colloque sur l’éducation thérapeutique du patient (ETP) organisé par la Croix-Rouge(1), cette dernière a présenté, en mai, l’activité de son service relative à cette affection dou­loureuse, hélas bien connue des infirmières. L’établissement, spécialisé dans la prise en charge des pathologies de l’appareil locomoteur, est géré par la Croix-Rouge depuis 2009. Cela fait maintenant une dizaine d’années que le service du docteur Chaleat-Valayer met en place des programmes d’éducation thérapeutique autour de la lombalgie chronique, s’inspirant de différents modèles : écoles du dos suédoises, réentraînement à l’effort conçu aux États-Unis, entre autres.

Implication essentielle

Les patients sont accueillis pendant quatre semaines en hôpital de jour, par une équipe pluridisciplinaire : médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute, infirmière (interview ci-contre), psychiatre, psychologue, assistante sociale et chargée d’insertion professionnelle. Leurs missions ? Donner au patient les ressources pour comprendre sa maladie et développer ses capacités d’adaptation face à la douleur, grâce à différentes thérapeutiques. « Nous visons trois objectifs : mieux appréhender son dos ; savoir analyser les accès douloureux ; agir et mettre en place le bon traitement au bon moment », explique Fabienne Siani, la kinésithérapeute du service.

Catherine Yven, chargée d’insertion professionnelle, réalise un état des lieux professionnel et social détaillé avec les malades qui lui sont adressés par les soignants. En effet, une grande partie des patients reçus au centre sont en arrêt maladie depuis plusieurs mois. Les impliquer dans la démarche est un précieux facteur de succès.

1– À Paris, le 6 mai 2011.

QUESTIONS À…

« Que le patient ne soit pas passif ! »

CHANTAL DESROYS DU ROURE INFIRMIÈRE AU SERVICE DE MÉDECINE PHYSIQUE ET DE RÉADAPTATION DE L’HÔPITAL DE JOUR

L’I. M. : Quelles thérapeutiques ces programmes proposent-ils ?

C. D. R. : Nous nous efforçons d’allier le traitement médicamenteux à d’autres thérapeutiques : utilisation de la chaleur, étirements, relaxation, électrostimulation, port d’un corset ou d’une ceinture… Nous incitons aussi les patients à identifier les facteurs déclenchant la douleur, à les éviter ou à les prévenir.

L’I. M. : Quel est le rôle de l’infirmière dans ces programmes ?

C. D. R. : En premier lieu, j’aide les patients à bien comprendre leur traitement médicamenteux : quelles molécules recouvre-t-il, à quoi servent-elles, comment les utiliser ? Cependant, je leur dis aussi qu’ils ne doivent pas s’appuyer uniquement sur le traitement, mais aussi sur les autres thérapeutiques enseignées ; sans quoi, ils restent confinés dans une attitude passive… Ensuite, mon rôle consiste à faire le lien avec les différents membres de l’équipe pluridisciplinaire si besoin, en particulier avec le médecin.

L’I. M. : La participation du patient est importante…

C. D. R. : Tout à fait. Nous mettons en place de véritables dialogues avec le patient, sur le ressenti de la douleur, de la maladie, sur la composante émotionnelle… Chaque semaine, une synthèse sur un patient, en sa présence, a lieu avec tous les membres de l’équipe. Et au cours de la troisième semaine, nous avons un échange, la kinésithérapeute et moi-même, avec une quinzaine de patients, sur la gestion des accès douloureux.