GÉRONTOLOGIE
RÉFLEXION
Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ont l’obligation d’assurer une protection optimale pour chacune d’elles. Le principe de précaution règne. Jusqu’où peut-on aller, et jusqu’où encadrer la prise en charge des résidents ? Réflexion d’Alain Villez.
L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : Dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation de France, vous avez travaillé sur le programme d’appels à projets « droit au choix, droit au risque »
ALAIN VILLEZ : Depuis les années1980, la stratégie des pouvoirs publics mais aussi des acteurs de terrain est de répondre aux besoins des personnes âgées en perte d’autonomie par les soins médicaux et para–médicaux. C’est-à-dire que l’on a fini par regarder les vieux uniquement comme des objets de soins. Les politiques de médicalisation des établissements d’hébergement datent de cette époque. Depuis lors, un débat s’est donc engagé : les établissements d’hébergement médicalisés sont-ils des lieux de vie ou des lieux de soins ? Les groupes de travail que nous avons mis en place avec la Fondation de France ont lutté contre cette tentation d’adhérer à une représentation excessivement médicale de la prise en charge et défendu l’idée que ces structures devaient rester des lieux de vie. Nous soutenons que les personnes très âgées dont les capacités physiques et intellectuelles peuvent être réduites, demeurent des sujets, qui ont le droit de s’épanouir. Autrement dit, nous souhaitons porter un regard sur la vieillesse qui ne soit pas centré sur les déficiences. Je trouve éloquent le terme de dépendance puisqu’il ne fait finalement que stigmatiser les déficiences et les déficits. Et la loi du 2 janvier 2002 « rénovant l’action sociale et médico-sociale » serait tentée de nous donner raison en affirmant que l’on doit promouvoir l’autonomie des personnes. Nous veillons avec vigilance à ce que les projets de vie, de soins et d’animation des établissements que nous regroupons valorisent l’autonomie et la potentialité des personnes plutôt que de s’attacher à gérer les déficits et besoins primaires.
L’I. M. : Quel est le poids de la menace de judiciarisation pesant sur les établissements ?
A. V. : L’un des objets du livre