HÔPITAL PUBLIC
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Les syndicats avaient prévenu : la réforme des retraites ferait brutalement chuter les effectifs des hôpitaux. Ils ont vu juste. Depuis janvier, les infirmières sont parties en nombre.
En moyenne, 400 infirmières manquantes à l’AP-HP depuis le début de l’année
À l’AP-HP, le chiffre avancé par la direction de 400 infirmières manquantes sur 18 000 est d’ailleurs contesté. Pour Thierry Amouroux, président du SNPI-CFE-CGC, « ce chiffre ne tient pas compte des gens qui figurent virtuellement sur les plannings ». En clair, certaines soignantes quittent leur service plusieurs mois avant la date officielle de leur retraite, faisant jouer le cumul de leurs congés, compte épargne-temps…
À l’inverse, certaines régions, « plutôt situées à l’ouest », ne connaissent pas la pénurie, assure Cédric Lussiez : « Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes… » Même si, admet-il, ces établissements peuvent connaître « une pénurie statutaire », des IDE y faisant fonction d’infirmières spécialisées. Au total, 22 000 postes d’infirmier seraient vacants dans la fonction publique hospitalière, estime Dominique Coiffard, le secrétaire national du secteur public de la CFDT Santé Sociaux, qui ne cache pas du tout son « inquiétude ».
Si la profession infirmière figure depuis bien longtemps sur la liste des métiers « en tension », la situation, dans les hôpitaux publics, s’est nettement dégradée avec l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, le 1er juillet. En effet, très nombreuses ont été les mères de trois enfants ayant quinze ans d’ancienneté à saisir leur dernière chance de pouvoir partir en retraite anticipée, avant la disparition de ce dispositif
Face à cette saignée, les petits établissements se sont trouvés particulièrement démunis. Il a fallu, par exemple, fermer des lits, cet été, au CH de la Dracénie, à Draguignan
Cette pénurie, qui ne sera comblée – au mieux – qu’à l’arrivée des nouveaux diplômés, en décembre, a pour conséquence, outre des fermetures de lits, voire de services entiers, une aggravation de la pénibilité du travail pour les infirmières restantes : non-respect des ratios imposés par la loi, modifications incessantes de planning, rappels sur les jours de congés, heures supplémentaires…
Mais, à plus long terme, c’est l’accès de la population aux soins qui pourrait s’en trouver diminué. Avec la T2A, argumente Dominique Coiffard, « les établissements sont rémunérés en fonction de leur activité. S’ils ont moins de professionnels de santé, ils seront obligés de cesser des activités », d’autant que la pénurie frappe aussi les kinés et les manipulateurs radio, souligne-t-il. Par ailleurs, les jeunes retraités de la FPH ayant la possibilité de cumuler leur pension et une activité rémunérée, ces nombreux départs d’infirmières et d’aides-soignantes approchant les 50 ans risquent de faire « redéployer l’activité de soin au détriment du secteur public », s’inquiète Philippe Crépel, de la CGT.
1– Dont 16 puéricultrices, 14 Ibode, 367 IDE et 3 Iade.
2– « L’AP-HP doit un million de jours à ses agents », rappelle au passage Thierry Amouroux.
3– Sauf pour celles de ces salariées qui étaient à moins de cinq ans de la retraite.
4– Dont quelque 200 à l’AP-HP.
5– Cf. « Blues des blouses chez les infirmières », publié sur le site de Var Matin le 7 septembre 2011.
La fédération CGT Santé Action sociale devrait présenter, « début octobre », selon son responsable du secteur revendicatif Philippe Crépel, une question prioritaire de constitutionnalité sur la privation de catégorie active des infirmières de catégorie A de la fonction publique hospitalière. En campagne électorale
1– Les élections professionnelles sont fixées au 20 octobre.
2– Cet article précise que les infirmières de A ne sont pas classées en catégorie active.