FORMATION CONTINUE
FICHE TECHNIQUE
La mesure de la saturation en oxygène, dans le but de surveiller l’état respiratoire d’un patient et d’évaluer son pouls, s’effectue au travers de différents types d’appareils.
L’oxymétrie de pouls ou saturation en oxygène ou saturation pulsée en oxygène (SpO2) est une méthode de mesure non invasive de la saturation en oxygène de l’hémoglobine au niveau des capillaires sanguins.
La mesure de la SpO2 permet de déceler de manière précoce toute hypoxie
On trouve plusieurs types d’appareils dans les valises de libéraux ou parmi le matériel des secouristes (portable à pile), sur les tables de surveillance, sur les scopes multiparamétriques fixes ou mobiles des services d’urgence, de réanimation et les Smur (dits scopes multiparamétriques transportables pour ces derniers).
Une norme Afnor
• Le principe de fonctionnement des appareils de mesure repose sur l’émission de deux lumières (rouge et infrarouge), et sur la mesure de leur absorption par le flux pulsatile du sang :
- l’oxyhémoglobine absorbe plus de lumière infrarouge et laisse passer plus de lumière rouge ;
- la désoxyhémoglobine absorbe plus de lumière rouge et laisse passer plus de lumière infrarouge.
• Signification : une SpO2 de 98 % signifie que chaque globule rouge est chargé à 98 % d’oxyhémoglobine et de 2 % de désoxyhémoglobine (et non que 98 % d’hématies sont chargées en O2
Une norme de chiffre ne peut être indiquée même si, généralement, la fourchette de 96 à 100 % est avancée.
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’une modification de ce chiffre (antécédent (s), SpO2 de base sans oxygène, divers facteurs environnementaux).
Ce matériel permet non seulement de surveiller l’état respiratoire du patient et, éventuellement, son amélioration, mais également d’évaluer le pouls de ce dernier, et la perfusion périphérique. Un taux d’erreur est possible mais il reste faible
Il consiste à mettre en place le capteur à l’endroit choisi :
- extrémité des doigts ou des orteils ;
- lobe de l’oreille ;
- nez ;
- front (voir Conseils et astuces dans l’encadré p. 34) ;
- paume de main, plante ou dos des pieds chez l’enfant.
Il faudra régler les alarmes en fonction du patient, de ses antécédents, et des objectifs de surveillance.
• La mesure de SpO2 relève du rôle propre de l’IDE
• Spécificité néonatale et pédiatrique : pour les nouveau-nés, les nourissons et les bébés nés avant terme, il est préférable de prendre une SpO2 au niveau de la main droite (dite SpO2 préductale -vs postductale).
Les capteurs utilisés en néonatalogie sont généralement à usage unique, à type de sparadrap avec émetteur et capteur spécifique intégré dans le sparadrap, et un dispositif de protection contre les brûlures dues à la mesure au long cours est fourni avec le dispositif. On estime qu’une SpO2 inférieure à 94 % est un indice de gravité chez l’enfant
• Anomalie, voire absence de détection :
- pouls faible ou irrégulier, troubles du rythme, troubles hémodynamiques en général ;
- mauvais positionnement du capteur ;
- compression du membre : ne pas mettre le capteur sur le bras portant le brassard à tension ;
- hypothermie et vasoconstriction ;
- œdème du membre (par modification de lecture distale) ;
- anémie ;
- frissons, mouvements du patient (7).
• Hémoglobine anormale :
- carboxyhémoglobine : l’association de monoxyde de carbone et de l’hémoglobine entraîne une intoxication. La carboxyhémoglobine est considérée comme de l’oxyhémoglobine par le capteur, ce qui provoque une surestimation de la saturation ;
- méthémoglobine : elle induit une SpO2 surestimée, qui, traitée (8), entraîne une sous-estimation (estimation fiable par gaz du sang artériel uniquement).
• Interférences colorimétriques :
- colorants sur les ongles ;
- une lumière environnante trop importante et une couleur de peau foncée peuvent induire une valeur faussement basse.
Certains capteurs de saturation permettent la différenciation des hémoglobines qui, auparavant, posaient problème. De par leurs spécificités et leurs prix, ceux ci sont réservés aux services de secours d’urgence.
De plus, des recherches tendent à mettre en avant toutes les techniques non invasives et, notamment, la SpO2 et la pléthysmographie pour des surveillances hémodynamiques techniques et pointues, comparables à celles utilisées jusqu’à ce jour, qui, elles, restent beaucoup plus invasives, contraignantes et coûteuses
Pour une somme de moins en moins élevée, cet appareil fournit un complément d’informations paracliniques très intéressant ; de nombreux médecins généralistes et infirmiers libéraux achètent ce type de matériel. Les secouristes et les sapeurs-pompiers sont, eux aussi, de plus en plus nombreux à faire l’acquisition de ce type de matériel pour leurs ambulances, parfois même avec de petits scopes multiparamétriques simples, permettant de libérer le soignant des calculs et des mesures pour se tourner vers d’autres impératifs de prise en charge.
1- Des études menées par Comroe et Bothello ont démontré que 47 % des praticiens ne décelaient l’hypoxie que lorsque la saturation baissait en dessous de 80 % ; 2 % d’entre eux ne la reconnaissaient que lorsqu’elle tombait entre 71 et 75 %.
2- NF EN 865 d’avril 1997.
3- Oxygène.
4- Le taux d’erreur estimé des appareils oscille entre 2 % et 3 % pour des valeurs de mesure comprises entre 70 % et 100 % - Langton J, Hanning CD, Effect of motion artefact on pulse oximeters, Br J Anaesth 1990 ; 65 : 564-570.
5- Code de Santé publique Art. R4311-2 et R4311-5.
6- Enfant sans antécédent, notamment malformation cardiaque.
7- Plummer JL, Zakaria AZ, Isley AH, Fronsko RR, Owen H, « Evaluation of the influence of movement on saturation readings from pulse oximeters », Anaesthesia 1995 ; 50 : 423-426.
8- Traitement : bleu de méthylène.
9- Comparaison des delta pression pulsée sur artériocathéter et delta SPO2 sur saturométre avec pléthysmographie.
Cette courbe est le reflet graphique de l’analyse de la SpO2. Elle permet de valider le chiffre affiché ; si la courbe est artéfactée, irrégulière, parasitée, absente, le chiffre de SpO2 ne sera pas significatif et demandera à être vérifié. Souvent, l’association de chiffres stables dans le temps et d’une courbe pléthysmographique de qualité assure le chiffre de SpO2
1- La fréquence cardiaque, calculée avec le nombre d’oscillations de la courbe de pléthysmographie, est, si elle correspond à la fréquence cardiaque de l’ECG, un bon déterminant « qualité » pour cette courbe.
→ Utilisation
Cet appareil permet de recueillir rapidement et facilement un grand nombre d’informations sur l’état du patient. Il doit être mis en place dès le début de la prise en charge et fournira des renseignements sur la saturation, bien sûr, mais aussi sur la fréquence et le rythme cardiaque. Si l’appareil est récent, l’index de perfusion peut être un bon indicateur « qualité » du chiffre de SpO2. L’interprétation des éléments fournis et le croisement des données cliniques, physio-pathologiques, circonstancielles et environnementales permettra d’analyser la situation. Le chiffre ne peut, et ne doit pas, être interprété individuellement.
→ Conseils et astuces
Le « bip » émis par ce type d’appareil est essentiel ; il est important de ne pas le supprimer ; s’il est trop fort, il est possible d’en diminuer le volume. Sa tonalité indique la zone de SpO2 et la fréquence cardiaque sans obligation d’observer l’appareil. Cela permet de focaliser son attention sur le patient. Ces automatismes s’acquièrent à force d’entraînement.
Le nettoyage de l’ongle avec du SHA peut parfois résoudre bien des tracas de diffusion de la lumière, rendue difficile à travers un vernis un peu trop épais (utilisation d’un dissolvant en cas de prise en charge à domicile). Chez l’adulte, il est possible, en dernier recours et en cas d’échec de la mesure sur les sites conventionnels, d’utiliser un capteur pédiatrique adhésif posé à même le front du patient.