L'infirmière Magazine n° 293 du 15/01/2012

 

ÉDITORIAL

Pour fêter la nouvelle année, Nicolas Sarkozy nous offre un beau cadeau : la mise en place express d’une « TVA sociale », avant fin février. Cette mesure provoque déjà un grand mécontentement car elle n’aurait de social que le nom. Elle consisterait à alléger les charges payées par les entreprises pour financer une partie de la protection sociale, cet allègement étant alors compensé par une hausse de la TVA…, ce qui revient à faire payer les consommateurs français au lieu des entreprises. La majorité des partenaires sociaux « invités » à un sommet social, le 18 janvier prochain, pour en débattre y voient une atteinte au pouvoir d’achat des salariés, mais aussi à celui des fonctionnaires, des retraités ainsi que des chômeurs.

La TVA est un impôt injuste car il pèse sur les petits salaires de la même manière que sur les gros. Penser qu’une baisse des cotisations versées par les entreprises sera répercutée sur le prix des produits français relève de l’illusion. Et croire que cette augmentation d’impôt direct nuira aux seuls produits importés en est une autre. A priori, un objet fabriqué en Chine coûtera toujours moins cher que le même objet fabriqué en France. Ce sont donc les consommateurs qui paieront la répercussion de la hausse de la TVA, que ce soit sur un produit français ou bien étranger.

Le gouvernement se défend en brandissant l’argument d’une augmentation des salaires nets. Ce qui pourrait expliquer qu’une telle décision ait été prise quatre mois avant la présidentielle… Pourtant, ne faudrait-il pas plutôt anticiper une augmentation des marges des entreprises et des dividendes versés aux actionnaires ? Car la folle dérégulation des marchés financiers nous a donné une bonne leçon : ce n’est pas la morale qui régit notre société de consommation, et les premiers touchés par la crise sont toujours les plus fragiles et les moins bien dotés.