BILAN MITIGÉ POUR LES UCC - L'Infirmière Magazine n° 294 du 01/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 294 du 01/02/2012

 

MALADIE D’ALZHEIMER

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

JOËLLE MARASCHIN  

De petites unités prennent en charge les malades agités, avec pour objectif essentiel le retour au lieu de vie initial, en institution ou au domicile.

Réunis mi-décembre à Paris pour leur congrès national, les acteurs des unités de soins, d’évaluation et de prise en charge Alzheimer ont estimé nécessaire de clarifier les missions des unités cognitivo-comportementales (UCC) créées en 2010. Souhaitant dresser un état des lieux de ce dispositif encore expérimental, la DGOS et la Société française de gériatrie et gérontologie ont interrogé une quarantaine d’UCC. Dédiées aux patients Alzheimer, elles ont été mises en place dans les hôpitaux suite aux mesures du troisième plan national Alzheimer.

En première intention

Maillon de la filière soins consacrée à la prise en charge de cette maladie, ces petites unités de dix à douze lits accueillent, pour quelques semaines, des personnes en période de crise, avec apparition ou exacerbation de troubles du comportement (agitation, déambulation excessive, agressivité, troubles du sommeil). Dans ses dernières recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge de la maladie, la Haute Autorité de santé (HAS) préconise, d’ailleurs, une hospitalisation en première intention en UCC. Plus adapté qu’un séjour en service de soins aigus, le séjour en UCC doit permettre d’éviter la « dépendance iatrogène ». Une hospitalisation constitue, en effet, une période à haut risque de déclin fonctionnel pour la personne âgée en raison du stress qu’elle génère. Et les patients souffrant de démence sont tout particulièrement exposés à cette dépendance.

Les UCC, installées au sein de structures de SSR (soins de suite et de réadaptation) polyvalentes ou gériatriques, doivent élaborer un projet de soins spécifique afin de limiter l’expression des troubles du comportement et de diminuer le recours aux psychotropes sédatifs ou à la contention. Les neuro-leptiques sont, en effet, encore souvent utilisés en cas de troubles du comportement dits perturbateurs, alors qu’ils peuvent avoir des effets secondaires gravissimes chez les patients (décès, AVC, troubles de la marche…). Les thérapies non médicamenteuses, comme la stimulation cognitive et sensorielle ou des programmes d’activité motrice, sont donc au cœur du projet de soins des UCC. Parallèlement, les objectifs de la prise en charge SSR sont maintenus : amélioration de l’autonomie, éducation thérapeutique du patient et de sa famille, accompagnement à la réinsertion sociale et familiale… Le but est de permettre le retour au lieu de vie initial, que ce soit le domicile ou l’Ehpad. « Le cahier des charges des UCC est très large, de nombreuses questions se posent donc sur les modalités d’accueil des patients, la formation des soignants ou encore le choix des thérapeutiques non médicamenteuses », a souligné Marie Noblet-Dick, responsable de l’UCC du CHU de Strasbourg.

Quelles missions ?

Cette enquête a permis de questionner les acteurs mêmes des UCC sur les missions qui leur sont dévolues. Pour les soignants, les UCC visent, dans l’ordre : l’amélioration du comportement (pour 70 % des répondants) ; la gestion d’une situation de risque (56 %) ; le répit pour les aidants (37 %) ; l’indication de l’entrée en institution (33 %) ; l’attente d’une place en institution (23 %) et la prise en charge d’une pathologie aiguë (11 %).

Échange de pratiques

Les alternatives non médicamenteuses sont prioritaires dans les projets thérapeutiques, et 85 % des UCC interrogées disent y avoir formé leurs personnels soignants. La durée moyenne de séjour est de 36 jours. Mais, pour plus d’un tiers des patients, l’hospitalisation en UCC précède l’entrée en institution alors que l’objectif des unités est de permettre le retour au lieu de vie d’origine des patients. « Un échange autour des pratiques et des projets paraît aujourd’hui primordial, afin d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients et de leurs aidants », a estimé Marie Noblet-Dick. Depuis 2009, 55 UCC ont été ouvertes, et d’autres sont en cours de création. Reste à savoir si le maillage territorial sera suffisant pour assurer des besoins de plus en plus criants. Moins de la moitié des 120 unités prévues à l’horizon 2012 ont, à ce jour, ouvert leurs portes.