BIENTÔT UNE EXPERTISE INFIRMIÈRE ? - L'Infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012

 

DISPOSITIFS INTRAVEINEUX

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Les soins sur voies veineuses implantées nécessitent un haut niveau de technicité. De plus en plus souvent confrontées à leur manipulation, les infirmières sont venues nombreuses au 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée.

Il y avait foule, les 13 et 14 janvier derniers au 6e Congrès francophone dédié aux dispositifs intraveineux de longue durée (DIVLD), à Paris. Devant quelque 600 participants, dont une moitié d’infirmiers, les conférences se sont succédé. Majoritairement utilisés dans les cas de cancers, pour les traitements par chimiothérapie ou pour la nutrition parentérale, les dispositifs intraveineux profonds sont, en effet, de plus en plus souvent posés en France. Ils permettent de préserver le capital veineux de patients nécessitant des injections fréquentes sur une période dépassant trois mois.

Nouvelle délégation

En fin de matinée, la présentation d’un projet révolutionnaire de délégation médico-infirmière en cours au centre Léon-Bérard de Lyon a touché de près les préoccupations de la profession. Le 22 février 2008, Mary Cellupicqa, infirmière, y a posé elle-même une voie veineuse centrale, sous la supervision d’un médecin anesthésiste. Cette pose, sous échographie, a été la première d’une longue série. Les raisons qui ont amené les responsables médicaux de cet établissement à envisager cette toute nouvelle délégation sont diverses. Une recherche de qualité d’abord, liée à la prise en charge globale des patients par un même métier, pour une meilleure intégration des différentes étapes de soins. Le manque de disponibilité rapide des médecins a également pesé. L’aspect managérial n’a pas été oublié non plus, cette délégation offrant des perspectives d’évolution de carrière pour les personnels qui le souhaiteraient. Après une formation théorique et pratique, trois infirmières sont désormais habilitées à poser des voies veineuses centrales dans l’établissement. Et un dossier a été officiellement déposé pour saisine à la Haute Autorité de santé, le 10 janvier dernier. S’il est agréé, cela ouvrira le chemin à d’autres établissements.

Idées fausses et lacunes

Mais, avant d’en arriver à un tel niveau d’expertise, le chemin reste long, ont constaté les participants au congrès. Le résultat du travail de fin d’études de Sylvie Boyer, devenue infirmière en réanimation à l’hôpital Beaujon (Paris), en a témoigné. Entre idées fausses accumulées en stage, et lacunes de l’enseignement, son constat est plutôt alarmant. Les réponses aux questions qu’elle a posées, entre 2006 et 2010, à 212 étudiants en 3e année de plusieurs Ifsi, laissent songeur. Sur l’utilisation d’un antiseptique alcoolique, seuls 57 % des élèves interrogés maîtrisaient le protocole. Le rinçage pulsé, qui fédère pourtant la totalité des experts, n’était connu que de 56 % des ESI ; et le retrait par pression positive, par 67 %. Un problème qui pourrait être partiellement résolu par la publication, en ce début d’année 2012, de nouvelles recommandations françaises en la matière.

Réviser les fondamentaux : http://cclin-sudest.chu-lyon.fr/ZoneSud/2011/ Avignon_25mars/5_C_Dupont_soins_sur_ pose_cci.pdf

Check-list 2011, HAS, pose d’un cathéter veineux central : www.has-sante.fr/portail/ upload/docs/application/pdf/2011-01/11_01_check-list-cvc-dv.pdf

Nutrition parentérale, Commission d’évaluation HAS du 15 avril 2008 : www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-07/cepp-1333avisnutrition_parenteral_a_ domicile.pdf

Le rapport 2006 de la HAS : www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ cci_-_rapport_final.pdf

PLURIDISCIPLINARITÉ

Une expérience américaine

→ La pose de voies veineuses centrales par les infirmières est devenue une pratique courante aux États-Unis, où existent de véritables « IV teams » pluridisciplinaires, comme est venue en témoigner Mary Smith, coordinatrice des infirmières dans un hôpital du Wisconsin. Là-bas, on préfère les PICC lines aux chambres implantables. En l’absence de complications particulières, elles sont systématiquement posées par les infirmières, au lit du malade. Une vérification de la position du cathéter est ensuite faite par le médecin radiologue. Comme dans l’expérience du centre Léon-Bérard, la question de la disponibilité rapide a été une préoccupation essentielle des décisionnaires médicaux. Les impératifs financiers – et, notamment, l’économie d’heures d’occupation des blocs opératoires – n’ont pas été oubliés non plus. Un élément qui devrait intéresser nos pouvoirs publics, pour qui la question du coût est devenue prioritaire.