ÉDITORIAL
Nous le savions, les périodes préélectorales mettent souvent en lumière des incohérences, voire des incompatibilités du système. À chacun ses petits mots, ses persiflages. Aucun des candidats, qu’ils soient de droite, de gauche ou du milieu, ne se prive, lorsqu’il s’agit d’alimenter l’idéologie de sa campagne, pour mettre en exergue un aspect qui renforcera son discours, au risque même de compromettre les résultats attendus.
Rappelons-nous qu’en 2004, la loi sur la santé publique affirmait pour la première fois la responsabilité de l’État en matière de santé publique, le désignant garant de l’intérêt public et de l’amélioration de l’état sanitaire de la population. Or, la loi du 5 juillet 2011, en réformant les hospitalisations sans consentement en psychiatrie, met en place un dispositif complexe qui prévoit, au grand dam des professionnels de santé, des soins contraints hors de l’hôpital. En 2012, évoquer des « soins contraints », ça n’est plus tenter d’améliorer la prise en charge de la santé mentale :
– c’est installer un doute, une dangerosité, un risque au sein de la population au moment même où les candidats cherchent à s’attirer les votes en brandissant le toujours fringant étendard du tout-sécuritaire.
– c’est désamorcer une réflexion profonde sur la santé mentale et ouvrir grand la porte au jeu polémique des petites phrases sur le seul sécuritaire.
Comme le souligne Madeleine Jimena Esther, infirmière, « ce qui fait soin…, c’est prendre le temps d’écouter la parole de l’autre, de s’intéresser à lui » (voir p. 26). En clair, quand le politique se souviendra-t-il que, pour éviter d’importer du sable au milieu du désert, il suffit bien souvent de s’adresser d’abord aux professionnels ?