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Sens du défi côté soignants, adhésion aux traitements côté patients : question de hardiesse !
Les 26 et 27 janvier derniers, les journées d’étude de l’Arsi (Association de recherche en soins infirmiers) ont permis de faire le point sur les derniers développements de la recherche. Parmi les présentations des études en cours, faisant la part belle à l’accompagnement, celle du concept de hardiesse.
Philippe Delmas, ancien cadre de santé et professeur à la Haute École de la santé La Source à Lausanne, a plaidé la cause de ce concept, apparu dans les années 1980, et qui pourrait être remis au goût du jour pour être utilisé dans des recherches en soins infirmiers.
Dans les années 1980, des chercheurs américains se sont demandé pourquoi certaines personnes résistent particulièrement bien au stress. L’un d’eux, Salvatore Maddi, a déduit de ces travaux l’importance d’un trait de personnalité, la hardiesse. Une personne hardie se distingue d’abord par son « sens de l’engagement », qui l’amène à « s’impliquer dans toutes les activités entreprises ». Elle dispose également d’une imagination lui permettant d’avoir prise sur ce qui lui arrive, d’où son « sens de la maîtrise ». Selon Philippe Delmas, « le changement est pour elle quelque chose de naturel, sur lequel elle s’appuie ». Enfin, la personne hardie dispose du « sens du défi ». Elle est en mesure de retourner à son profit une situation qui, pour d’autres, serait génératrice de stress.
Voilà une dizaine d’années, Philippe Delmas a réalisé à ce propos une étude expérimentale : un programme de renforcement de la hardiesse auprès d’infirmières, qui a non seulement porté ses fruits, mais dont les effets ont perduré. La hardiesse serait, en quelque sorte, une capacité mobilisable et capitalisable, en a-t-il conclu. Afin d’améliorer le bien-être au travail, des réflexions pourraient être menées autour de ce concept, auprès des professionnels de santé. Le professeur propose comme piste de recherche l’évaluation du niveau de hardiesse des jeunes diplômés, ou sa prise en compte dans la gestion des services. Côté patients, la hardiesse serait aussi à explorer, pour améliorer la qualité de vie. Des enquêtes montrent, en effet, que les personnalités hardies ont une espérance de vie élevée. « Il faudrait pouvoir réaliser des recherches épidémiologiques en suivant les personnes au long cours », s’enthousiasme Philippe Delmas. Avec la gestion plus adaptée des émotions qu’elle induit, la hardiesse favoriserait, en outre, l’adhésion aux traitements. Certaines recherches, qui ne font pas encore l’objet d’un consensus, tendent également à montrer l’incidence de la personnalité sur les défenses immunitaires : la hardiesse pourrait ainsi avoir son mot à dire dans le traitement du VIH.